Les quotidiens sénégalais parvenus mercredi à APA titrent principalement sur les tentatives de bonnes volontés de nouer le fil du dialogue entre le président Macky Sall et Ousmane Sonko, son principal opposant dont la condamnation jeudi dernier à deux ans ferme par la justice a déclenché des manifestations violentes et meurtrières dans le pays.
L’Observateur tente de décrypter, avec des spécialistes de la communication politique, « le bruit du silence » de l’opposant Ousmane Sonko, « aphone depuis une semaine ». Cette posture est « inhabituelle du leader de Pastef », condamné jeudi dernier à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse » dans l’affaire de viols et menaces de mort qui l’opposait depuis 2021 à la masseuse Adji Sarr. Malgré cette condamnation, le maire de Ziguinchor (sud) n’est pas encore arrêté pour être amené en prison, son domicile dakarois étant par contre « mis sous blocus depuis le 28 mai dernier ».
Concernant son mutisme, l’une des explications est que « si aujourd’hui, ses appels sont transformés en actes, il n’a plus besoin de parler ». L’annonce du verdict de sa condamnation a plongé le pays, jeudi et vendredi derniers, dans une série de violences incommensurables, occasionnant le décès d’au moins 16 personnes et plusieurs biens publics et privés détruits par des manifestants déchaînés.
Ousmane « Sonko est dans une phase d’observation pour éviter de nouvelles charges », souligne un autre expert en communication politique. Mais « si c’est un silence volontaire, c’est une bonne stratégie », analyse un autre spécialiste. En revanche, le fil de la communication n’est pas coupé entre Macky Sall et Ousmane Sonko, selon Bés Bi qui indique que les deux principaux protagonistes de cette situation au Sénégal « se parlent pourtant » à travers des « intermédiaires ».
« Macky Sall et Ousmane Sonko ne se piffent pas. Mais les deux sont conscients de cette impasse qui bloque tout un pays. Économiquement, socialement…, ils ne se parlent pas. Ils ne se voient pas. Les portes des émissaires et des bonnes volontés sont presque hermétiques », souligne le journal qui estime avoir réussi à faire « parler des hommes et des femmes de l’ombre » qui ont livré des « confidences sur les messages entre le chef de l’Etat et son principal opposant ».
« Ils sont du milieu religieux, des affaires, de la société civile… et même des syndicalistes à tenter de jouer les bons offices. Comme cette audience nocturne que le khalife général des mourides, l’une des plus importantes communautés soufies du pays, a accordée au président Macky Sall » lundi dernier, explique le journal.
Walf Quotidien se demande ainsi « à qui profite le dégel » entre Ousmane Sonko et Macky Sall. « Les officines de médiation carburent à plein régime. Le déplacement nocturne à Touba (centre) du président de la République en est une illustration. Si Macky Sall, qui jouit d’une plus grande liberté, a fait le pas, il reste que Ousmane Sonko a aussi des intérêts dans la baisse de la tension politique », note le journal.
Avec les « 72 heures de manifestations » liées à la condamnation du maire de Ziguinchor, Sud Quotidien estime que « des milliards de francs CFA sont partis en fumée », une situation qui met l’économie sénégalaise « en berne ». Pour Meissa Babou, économiste et enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, « l’Etat devrait casquer plus de 200 milliards de francs CFA pour réparer les dégâts collatéraux ».
Le président du Conseil national du patronat (CNP), Baidy Agne, tire également « le bilan » des « violences et saccages » sur l’économie nationale. « Nos entreprises ont perdu en une journée des centaines de milliards de francs CFA », a confié M. Agne à Le Quotidien, appelant « à l’apaisement après avoir montré les conséquences de la fièvre qui a saisi le pays et affecté son économie ». Fort de cette accalmie, le journal constate une reprise « au ralenti » des affaires à Mbour et Ziguinchor où les protestations violentes ont été à leur summum ces derniers jours.
En football, Stades évoque la double confrontation de l’équipe nationale du Sénégal face à ses homologues du Bénin et du Brésil, ce mois. Le quotidien sportif indique que « 23 Lions sont attendus à Dakar, ce mercredi », pour préparer ces deux rencontres.
Au Bénin, le 17 juin prochain, les champions d’Afrique en titre disputeront la cinquième journée des qualifications à la prochaine Coupe d’Afrique des nations (Can), prévue début 2024 en Côte d’Ivoire. Trois jours plus tard, les coéquipiers de Sadio Mané et du capitaine Kalidou Koulibaly affronteront le Brésil dans un prestigieux match amical prévu à Lisbonne, au Portugal.
ODL/ac/APA