Pour la première fois de son histoire, le Sénégal abordera une édition de Coupe d’Afrique des nations (Can) de football dans la peau du tenant du titre.
À un peu moins de 100 jours du clap d’ouverture de la grand-messe du football africain, les sélections entament la dernière ligne droite de leur préparation. Du 13 janvier au 11 février 2024, la Côte d’Ivoire, après 1984, va accueillir la Coupe d’Afrique des nations (Can).
Le Sénégal, précédent lauréat, entend y réussir la passe de deux. Chose qui n’est plus arrivée depuis 2010. Pour faire aussi bien que l’Égypte de l’inoxydable Ahmed Hassan, l’agenda des Lions a été taillé sur mesure. Leur sélectionneur Aliou Cissé, en concertation avec la Fédération Sénégalaise de Football (FSF), a choisi des sparring-partners d’envergure dans le cadre des matchs amicaux. En septembre, c’était l’Algérie (défaite 0-1 au stade Me Abdoulaye Wade de Diamniadio).
Au stade Bollaert-Delelis, l’antre du Racing Club de Lens, dans le Nord de la France, Kalidou Koulibaly et ses coéquipiers croiseront le fer avec les Lions indomptables, le 16 octobre 2023, à 18h30 (Temps Universel). « Le Cameroun n’est plus à présenter. C’est une très grande équipe avec de grosses individualités. Cependant, on ne doit pas avoir peur de jouer contre elle. Sur la route de la Can 2023, nous n’avons pas choisi la facilité. Nous aurions pu rencontrer des équipes de seconde zone et les battre sans coup férir. Mais cela ne nous aurait pas permis de voir véritablement nos failles », a déclaré le coach Cissé ayant fait face à la presse vendredi pour la publication d’une liste de 26 joueurs.
« Nos lacunes sont visibles. Je sais ce que j’ai à faire. Les joueurs aussi. Le match contre le Cameroun est important. Il faut que nous soyons capables de bien défendre et de créer le chaos dans le camp adverse. Cette rencontre tombe à pic après notre revers face à l’Algérie. Mais elle reste un match amical même si une nouvelle défaite serait amère. Les Camerounais ont de la considération pour nous. Nous les respectons également. On a espoir qu’on battra les Lions indomptables au terme d’un grand match », a indiqué l’entraîneur aux dreadlocks.
Aliou Cissé, défait une énième fois par Djamel Belmadi, souhaite passer ses nerfs sur Rigobert Song qui lui rappellera à jamais le douloureux souvenir de la finale perdue en 2002, à Bamako (Mali) : « Nous ferons de notre mieux. On a l’intention sur ce match de faire de très bonnes choses. Contre les Fennecs, il y a eu des séquences intéressantes. Mais il y a aussi des aspects sur lesquels nous devons forcément progresser. À travers la rencontre contre le Cameroun, j’attends de mes joueurs qu’ils réagissent ».
Opération back-to-back
Privé du bonheur suprême jusqu’en 2021 au Cameroun où il a décroché sa première étoile, le Sénégal veut encore revivre l’ivresse d’une victoire finale à la Can. En Côte d’Ivoire, « l’essentiel est d’être prêts dès le match d’ouverture. Les rencontres amicales doivent nous permettre de nous parfaire. Tout ce qui importe, c’est la conservation de notre titre continental », a assuré le sélectionneur des Lions.
Le 12 octobre prochain à Abidjan, la Confédération africaine de football (Caf) effectuera le tirage au sort de la phase de groupes. À cette occasion, le Sénégal sera édifié sur ses adversaires. « Au regard de la liste des 24 pays qualifiés et de la constitution des quatre chapeaux, je ne m’attends pas du tout à un tirage facile. Nous sommes tous un peu sous pression. Il n’y a plus de petites équipes sur le continent. Ce qui est sûr, il y aura un grand d’Afrique dans notre poule. Dès lors, notre premier objectif est de passer au second tour », a expliqué Aliou Cissé.
Sur le banc de l’équipe nationale du Sénégal depuis mars 2015, l’ancien milieu défensif disputera sa quatrième Can en tant qu’entraîneur. Par conséquent, il sait à n’en pas douter où il met les pieds. « Le contexte en Afrique est compliqué. Tous les matchs seront difficiles. Mais on a un vécu, de l’expérience. Pour nous battre en Côte d’Ivoire, il va falloir être très forts. Nous sommes prêts pour conserver notre titre », a-t-il soutenu.
Dans ce dessein, le successeur du Français Alain Giresse réfléchit toujours à la meilleure formule. « Les jeunes sont en train d’être intégrés petit à petit dans la Tanière. Toutefois, on ne peut pas faire une révolution à quatre mois d’une compétition comme la Can. Je ne suis pas insatisfait des joueurs expérimentés à ma disposition. Ils font correctement leurs jobs. Dans cette équipe, il n’y a pas de vieux. On ne peut rien réussir sans stabilité », a souligné Cissé.
À l’en croire, il n’y a pas « de favoritisme » dans le choix des hommes devant défendre les couleurs du Sénégal. « La concurrence, qui doit être saine, concerne aussi les cadres. Les jeunes ont besoin de l’expérience des aînés. Ces derniers de leur fraîcheur. C’est ça une équipe. Pour la Can 2023, nous allons construire un groupe avec la bonne mentalité pour atteindre notre but », a promis le sélectionneur national.
Des places à prendre
Pour ce rassemblement, Youssouf Sabaly, sociétaire du Bétis Séville, en Espagne, sera absent en raison d’une blessure contractée face à l’Algérie. Noah Fadiga, 23 ans, signera, lui, son retour. Le latéral a été contraint de quitter le Stade Brestois (Ligue 1 française) à cause de la détection d’une anomalie cardiaque. Il y a une vingtaine d’années, son père Khalilou avait connu le même sort à l’Inter Milan (Serie A italienne) après avoir crevé l’écran à la Coupe du monde co-organisée par la Corée du Sud et le Japon.
« Depuis quelque temps, il rejoue. Il enchaîne les matchs même s’il n’est pas encore un titulaire indiscutable dans son club. À partir du moment où il a reçu l’autorisation de pratiquer son sport au plus haut niveau en Belgique, il redevient sélectionnable. Nos médecins vont quand même continuer à le suivre », a clarifié Aliou Cissé. Il s’est aussi épanché sur le cas Bouna Sarr du Bayern Munich (Bundesliga allemande) aux abonnés absents malgré son statut de champion d’Afrique.
« Tout le monde connaît ma relation avec Bouna Sarr. Son arrivée en équipe nationale est intervenue dans une période où j’ai été très critiqué. Je connais le joueur et ses qualités. Mais il y a une réalité sportive. Il figure dans le groupe de performance du Bayern Munich. Nous avons d’autres joueurs qui n’évoluent peut-être pas dans des clubs du même standing, mais qui bénéficient d’un temps de jeu beaucoup plus conséquent. Cette fois encore, j’ai décidé de ne pas le convoquer. Cela ne veut pas dire qu’il ne sera pas appelé en novembre ou en janvier à la Coupe d’Afrique des nations. On a préféré privilégier la compétitivité d’un joueur comme Mamadou Sané. On va voir ce qu’il vaut. Je ne dis pas qu’il sera aligné face au Cameroun. Le voir dans la Tanière pendant une semaine, dix jours, ça peut être intéressant », a précisé le capitaine de la génération 2002.
Aliou Cissé, comme il pouvait s’y attendre, a été interpellé sur la forme d’Édouard Mendy. « En un moment donné, nous avions un problème au poste de gardien de but. Maintenant, ce n’est plus le cas. On a de plus en plus de possibilités, de qualités. La concurrence sera rude. Je connais les capacités d’Édouard Mendy. Je sais ce qu’il a eu à prouver tout au long de sa carrière notamment en équipe nationale. Maintenant, il faut évaluer la situation d’une manière froide. Souvent quand on prend un but, le gardien est tenu pour responsable. Personnellement, je parle toujours du collectif. C’est tout un système qu’il faut questionner lorsque l’on encaisse un but. Édouard commet certes des erreurs individuelles qui nous coûtent des buts, mais sur d’autres buts, c’est tout le système défensif qu’il faut critiquer et revoir ».
En définitive, a-t-il fait savoir, « dans le football, on ne peut pas garantir un poste de titulaire à un joueur. Je ne l’ai jamais fait. Ils doivent tous bien travailler pour mériter leurs places sur le terrain ». Édouard Mendy, décisif lors du sacre historique du 6 février 2021, est averti. Mory Diaw, récemment impérial en championnat contre le Paris Saint-Germain, est notamment à l’affût.
Liste des 26 Lions pour le match amical contre le Cameroun :
Gardiens (3) : Édouard Mendy (Al-Ahli, Arabie saoudite), Sény Dieng (Middlesbrough, Angleterre) et Mory Diaw (Clermont, France).
Défenseurs (9) : Kalidou Koulibaly (Al-Hilal, Arabie saoudite), Abdou Diallo (Al-Arabi Doha, Qatar), Moussa Niakhaté (Nottingham Forest, Angleterre), Fodé Ballo Touré (Fulham, Angleterre), Abdoulaye Seck (Maccabi Haïfa, Israël), Ismail Jakobs (AS Monaco, France), Noah Fadiga (La Gantoise, Belgique), Abdoulaye Niakhaté Ndiaye (Troyes, France) et Mamadou Sané (Aris Limassol, Chypre).
Milieux (8) : Idrissa Gana Guèye (Everton, Angleterre), Cheikhou Kouyaté (Nottingham Forest, Angleterre), Nampalys Mendy (RC Lens, France), Pathé Ciss (Rayo Vallecano, Espagne), Pape Matar Sarr (Tottenham, Angleterre), Lamine Camara (FC Metz, France), Dion Lopy (Almeria, Espagne) et Krépin Diatta (AS Monaco, France).
Attaquants (6) : Sadio Mané (Al-Nassr, Arabie saoudite), Boulaye Dia (Salernitana, Italie), Ismaïla Sarr (Olympique de Marseille, France), Iliman Ndiaye (Olympique de Marseille, France), Habib Diallo (Al-Shabab Riyad, Arabie saoudite) et Nicolas Jackson (Chelsea, Angleterre).
ID/ac/APA