Organisée le 26 octobre sous le thème « Sauver des vies aujourd’hui c. sauver la planète pour l’avenir : la ZLECAf peut-elle résoudre le dilemme du changement climatique ? », l’édition 2024 de la conférence Babacar Ndiaye a réuni décideurs, universitaires, experts financiers et défenseurs du climat.
Ensemble, ils ont exploré comment la ZLECAf, « l’initiative commerciale la plus ambitieuse de l’Afrique », pourrait favoriser une croissance économique respectueuse de l’environnement.
Le président de la Banque africaine d’Import-Export (Afreximbank), Benedict Oramah, a ouvert les débats en rappelant l’engagement du parrain de la conférence envers les défis climatiques. Feu Babacar Ndiaye (1936-2017), ancien président sénégalais de la Banque africaine de développement (BAD), avait une réflexion « d’une grande profondeur intellectuelle » sur l’impact du changement climatique, a souligné M. Oramah.
Il a toutefois déploré que le débat mondial soit excessivement centré sur la réduction des émissions, en négligeant l’impact du changement climatique sur l’Afrique et les autres pays en développement. Selon lui, exiger une décarbonisation de l’Afrique, « qui ne s’est même pas encore industrialisée », constituerait une grave menace pour le développement socio-économique d’un continent riche en gaz, où plus de 600 millions de personnes sont privées d’électricité.
L’ancien vice-président nigérian Yemi Osinbajo a souligné les avantages de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pour transformer le paysage commercial en Afrique, réduire les émissions de carbone et encourager l’innovation dans les industries vertes. Il a mentionné deux principaux avantages : tout d’abord, 42 % des pays africains, à l’exception de ceux d’Afrique du Nord, ont légiféré pour interdire l’exportation de minerais ou de minéraux bruts avant leur transformation, ce qui contribue à la création d’emplois locaux. Ensuite, le commerce intra-africain de produits finis pourrait diminuer les émissions de carbone liées au transport maritime sur de longues distances.
Pour illustrer ce potentiel, Osinbajo a cité l’exemple de la Guinée, qui détient 25% des réserves mondiales de bauxite. En transformant sa bauxite en aluminium grâce aux énergies renouvelables, ce pays ouest-africain pourrait réduire l’empreinte carbone mondiale de 335 millions de tonnes de CO2 par an, créer 280 000 emplois et générer 37 milliards de dollars de revenus. En vendant cet aluminium en Afrique, elle éviterait les frais de transport vers des marchés éloignés, a-t-il ajouté dans un communiqué d’Afreximbank transmis à APA.
« La ZLECAf permet aux pays africains d’abord d’ajouter de la valeur aux matériaux et de se spécialiser dans les domaines d’avantage comparatif national, et aussi de travailler ensemble pour commercer de manière plus avantageuse avec le reste du monde », a-t-il expliqué.
La ministre égyptienne de la Planification, du Développement économique et de la Coopération internationale, Rania A. Al-Mashat, a rappelé que l’Afrique supporte « le plus gros fardeau » du financement climatique malgré une contribution minime aux émissions mondiales. Elle a appelé à une collaboration renforcée avec les partenaires nationaux et internationaux pour soutenir le développement durable en Afrique.
Dans son message, la vice-secrétaire générale des Nations Unies, Amina J. Mohammed, a évoqué l’endettement croissant des pays africains, aggravé par des crises qui restreignent leur accès aux financements à long terme. « En tirant parti de la puissance collective de la ZLECAf, l’Afrique peut réaliser des progrès dans la lutte contre le changement climatique et le développement durable en promouvant l’intégration régionale et en encourageant l’industrialisation verte », a-t-elle déclaré, ajoutant que la ZLECAf peut aider à bâtir des économies résilientes, à réduire la pauvreté et à renforcer la sécurité alimentaire.
ODL/Sf/ac/APA