Kenneth Kaunda, l’ex-président zambien, était le dernier d’une génération de dirigeants africains qui ont lutté pour la libération politique.
M. Kaunda, décédé jeudi à l’âge de 97 ans dans la capitale Lusaka, a dirigé la Zambie de 1964 à 1991, date à laquelle il a gracieusement cédé le pouvoir au leader de l’opposition d’alors, Frederick Chiluba, qui avait remporté l’élection présidentielle.
Alors que les messages de condoléances affluaient après sa disparition, l’attention a été attirée sur la contribution de Kenneth Kaunda à la libération de l’Afrique australe.
Affectueusement connu sous le nom de KK, Kaunda a contribué à aider des pays comme le Zimbabwe, la Namibie et l’Afrique du Sud à arracher leur indépendance vis-à-vis du pouvoir minoritaire.
A Pretoria, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a rendu hommage à l’engagement sans faille de Kaunda en faveur de la disparition du système d’apartheid.
« Inébranlable contre les intimidations de l’Etat d’apartheid, il avait offert Lusaka comme siège du Congrès national africain (ANC) en exil », a déclaré M. Ramaphosa.
Kaunda a risqué la sécurité de son propre peuple en offrant un refuge aux cadres de l’ANC dans les années 1980, Lusaka étant la cible de bombardements du régime sud-africain de l’apartheid.
« Il s’est tenu aux côtés du peuple sud-africain au moment où nous en avions le plus besoin et il était constant dans son désir de réaliser notre liberté », a déclaré M. Ramaphosa.
Il a décrété un deuil de dix jours en mémoire du défunt dirigeant zambien.
Le président namibien, Hage Geingob, a décrit Kaunda comme un « géant » généreux et affable qui a consacré la majeure partie de sa vie à l’avènement de la liberté en Afrique australe.
« Les Africains en général, et les Namibiens en particulier, lui seront éternellement reconnaissants pour sa contribution exceptionnelle à notre liberté », a déclaré M. Geingob.
Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a décrit Kaunda comme un « combattant de la liberté, un homme d’Etat, un visionnaire et une icône de la lutte pour la libération ».
« Il incarnait le véritable sens du panafricanisme, mettant son propre pays, la Zambie, en grand danger, afin d’offrir un abri sûr aux mouvements de libération de l’Afrique australe, ainsi qu’à ses peuples », a déclaré M. Mahamat.
L’effusion de chagrin est également venue de l’extérieur de l’Afrique, avec le leader américain des droits civiques, le révérend Jesse Jackson, qui a déclaré que le continent s’est appauvri suite à la perte du défunt leader zambien.
« La Zambie et l’Afrique ont perdu un champion de la liberté et j’ai perdu un véritable ami en la personne de l’ancien président Kenneth Kaunda », a déclaré M. Jackson.
Fervent partisan de l’intégration et de la coopération régionales, M. Kaunda s’était fait le champion de la création de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en avril 1980, aux côtés de l’ancien président tanzanien Julius Nyerere, du président fondateur du Botswana Sir Seretse Khama, de l’ancien président du Mozambique Samora Machel et de l’ancien président du Zimbabwe Robert Mugabe.
Il a accueilli le sommet inaugural de la SADC qui avait eu lieu au Centre de conférence de Mulungushi à Lusaka.
Kaunda est né à Lubwa Mission, dans la province de Chinsali, en avril 1924. Il était le plus jeune des huit enfants de ses parents enseignants.
Il était lui aussi enseignant de formation avant de rejoindre le Congrès national africain de Rhodésie du Nord (actuelle Zambie) en 1951.
Il avait fondé le Zambian African National Congress en 1959, mais le parti a été interdit et avait refait surface quelques années plus tard sous le nom d’United National Independence Party.
Kaunda est devenu le premier président de la Zambie après l’indépendance en 1964, à la suite d’une victoire écrasante aux élections organisées cette année-là.
Il est resté au pouvoir pendant 27 ans avant de perdre les élections multipartites de 1991, remportées par Chiluba du Mouvement pour la démocratie multipartite.
Il a consacré ses dernières années à la lutte contre le Vih/Sida, une maladie dont il a dit publiquement qu’elle avait emporté l’un de ses fils.
JN/fss/te/APA