Alors que le Maroc se prépare à la Coupe du monde 2030 et à un boom touristique escompté, le ministre du Tourisme du Royaume s’inquiète des risques de sur-tourisme dans des destinations populaires comme Marrakech.
À l’approche de la Coupe du monde de football 2030, que le Maroc co-organisera avec l’Espagne et le Portugal, le pays intensifie ses efforts pour renforcer son secteur touristique. Cependant, l’afflux attendu de supporters de football suscite des inquiétudes parmi les responsables du tourisme quant au risque de sur-tourisme dans les destinations populaires.
Lors du Future Hospitality Summit à Dubaï cette semaine, la ministre marocaine du Tourisme, Fatim-Zahra Ammor, a souligné la nécessité d’un développement prudent pour éviter le sur-tourisme. « Nous avons observé un tourisme excessif partout dans le monde, nous devons donc veiller à développer notre activité de manière judicieuse. Il ne faut pas se concentrer uniquement sur la Coupe du monde et les six villes », a-t-elle déclaré, selon Skift.
Le Maroc prévoit d’accueillir 26 millions de touristes l’année de la Coupe du monde, soit près du double des 14,5 millions de visiteurs attendus en 2023. Pour faire face à cette augmentation, le pays agrandit trois grands aéroports (Marrakech, Casablanca et Agadir), et prévoit d’ajouter 150 000 nouvelles chambres d’hôtel d’ici 2030.
Pour attirer les investisseurs, le Maroc a lancé en 2023 sa Charte de l’investissement, qui propose des incitations telles que des contributions gouvernementales en espèces, des exonérations de TVA et des droits de douane. L’Agence marocaine de développement du tourisme vise une augmentation des investissements directs étrangers dans le secteur touristique de 20 % à 30 % d’ici 2026.
La feuille de route stratégique 2023-2026 du Maroc vise à dynamiser le secteur des voyages et du tourisme, qui contribue actuellement à hauteur de 7 % au PIB national. Au premier semestre 2024, le pays a accueilli 7,4 millions de touristes, soit une hausse de 14 % par rapport à la même période en 2023.
L’industrie aéronautique est au cœur de cette croissance. Le directeur général de l’IATA, Willie Walsh, a souligné le potentiel du secteur lors de la Conférence mondiale sur la sécurité et les opérations de l’IATA, tenue mardi à Marrakech. « L’aviation est un moteur majeur de l’économie marocaine, facilitant les voyages, le commerce et le développement économique », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Les plans de croissance ambitieux de Royal Air Maroc et de l’Office national des aéroports (ONDA) laissent entrevoir un avenir prometteur pour l’aviation au Maroc, avec le potentiel de jouer un rôle clé dans la liaison entre l’Afrique, l’Europe et l’Amérique du Nord. »
Pour accompagner cette croissance, la compagnie aérienne nationale Royal Air Maroc prévoit d’étendre sa flotte à 200 avions d’ici 2037, tandis que la capacité aéroportuaire du pays devrait doubler, atteignant plus de 90 millions de passagers d’ici 2035. La durabilité est au cœur de la stratégie aérienne du Maroc, Royal Air Maroc s’étant engagée à atteindre zéro émission nette de carbone d’ici 2050.
Alors que le Maroc se prépare à la Coupe du monde 2030 et au boom touristique attendu, la ministre Ammor a déclaré à Skift que le plus grand défi sera de déployer la feuille de route à travers le pays. « Le Maroc offre des expériences très diverses, nous devons nous assurer que toutes nos régions en bénéficient. C’est un défi. Nous avons tendance à nous concentrer sur les endroits où c’est facile, comme Marrakech, mais toutes nos régions doivent en bénéficier », a-t-elle affirmé.
En faisant la promotion des expériences diversifiées et en investissant dans les infrastructures, le Maroc vise à garantir que l’ensemble de la nation bénéficie de la croissance du tourisme tout en minimisant le risque de sur-tourisme dans les destinations populaires.
RT/ac/Sf/APA