La Tunisie s’est hissée à la deuxième place africaine dans le classement 2025 de l’Energy Transition Index (ETI), publié par le Forum économique mondial en partenariat avec Accenture. Le pays occupe le 62ᵉ rang mondial sur 118 pays, avec un score de 54,6, gagnant ainsi trois places sur le continent par rapport à l’année précédente.
L’indice évalue la performance énergétique des pays à travers trois dimensions : l’équité dans l’accès à l’énergie, la sécurité de l’approvisionnement, et la durabilité environnementale. La Tunisie enregistre un score de 59,7 pour l’équité, reflétant un bon accès à l’électricité en zones urbaines, bien que le coût de l’énergie reste élevé pour les ménages. Elle obtient également 59,7 en matière de sécurité énergétique, grâce à une réduction de sa dépendance aux importations. En revanche, le pays reste en retrait sur la durabilité avec un score de 46,9, en raison de la faible part des énergies renouvelables dans le mix énergétique.
Selon l’économiste Chakib Mustapha, cette progression est le fruit d’efforts structurels engagés depuis plusieurs années, notamment à travers la stratégie de la STEG, des projets pilotes sur l’hydrogène vert et un cadre réglementaire lancé dès 2015. Il rappelle toutefois que les énergies renouvelables ne représentent encore que moins de 5 % de la consommation nationale, alors que l’objectif est de porter cette part à 35 % d’ici 2030.
À l’échelle continentale, la Tunisie est devancée uniquement par le Nigéria (61ᵉ mondial, score de 54,8), mais devance le Maroc (70ᵉ) et l’Afrique du Sud (79ᵉ). L’Afrique subsaharienne, dans son ensemble, affiche un score moyen de 48,8, le plus bas parmi toutes les régions analysées. Le rapport souligne plusieurs défis persistants dans la région, notamment l’accès limité à l’énergie en zone rurale, la dépendance aux combustibles fossiles et à la biomasse, et un sous-investissement chronique dans les infrastructures.
Malgré ces difficultés, certains pays africains enregistrent des progrès notables. Le Nigéria, par exemple, est passé de la 109ᵉ place en 2016 à la 61ᵉ en 2025 grâce à des investissements soutenus. Le Kenya, le Ghana et l’Éthiopie ont également amélioré l’accès à l’énergie et les cadres réglementaires, bien que freinés par des contraintes financières.
Le rapport recommande à l’Afrique de miser sur ses atouts en matière d’énergies renouvelables, notamment le solaire, l’éolien et l’hydroélectricité. Il souligne aussi le potentiel de développement de l’hydrogène vert, comme en Namibie et en Afrique du Sud, ainsi que l’importance des solutions décentralisées telles que les mini-réseaux solaires pour les zones rurales. Enfin, il appelle à renforcer les investissements, réformer les politiques publiques, développer les compétences locales et encourager la coopération régionale.
Avec un positionnement stratégique et des projets structurants en cours, la Tunisie se profile ainsi comme l’un des pays les plus engagés dans la transition énergétique sur le continent, tout en faisant face à des défis considérables pour atteindre ses objectifs à l’horizon 2030.
SL/ac/Sf/APA