Après 19 ans à la tête de la République, ayant succédé à son défunt père, Faure Gnassingbé est pressenti pour occuper le poste de président du Conseil, après la victoire de son parti aux élections sénatoriales du samedi 15 février, dix mois après l’écrasante victoire aux législatives.
Depuis l’indépendance du Togo en 1960, le pays a toujours fonctionné sous un régime semi-présidentiel ou présidentiel. Au pouvoir depuis 2005, Faure Gnassingbé a promulgué en mai 2024 une nouvelle constitution qui fait basculer le pays vers un régime parlementaire. Après avoir remporté 108 des 113 sièges aux élections législatives, son parti, l’Union pour la République (UNIR), a réitéré son succès aux élections sénatoriales en remportant 34 des 41 sièges, selon la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
« Nous allons transmettre ces résultats provisoires sans délai à la Cour constitutionnelle, seule habilitée à donner les résultats définitifs », a déclaré dimanche Dago Yabré, président de la CENI, à l’issue du scrutin qui a réuni 1527 conseillers municipaux et 179 conseillers régionaux appelés à élire les sénateurs. Le Sénat sera désormais composé de 61 membres, dont 20 seront désignés par le président du Conseil des ministres.
Cette nouvelle victoire de l’UNIR permet de consolider le pouvoir de Faure Gnassingbé pour les six prochaines années, conformément à la nouvelle Constitution. En effet, ces sénatoriales faisaient partie des dernières étapes pour établir le passage du pays à la Cinquième République. Les sénateurs et députés, désormais en place, auront la charge d’élire le président de la République et le président du Conseil, tous deux issus du parti majoritaire dans les deux chambres du parlement, le Sénat et l’Assemblée nationale.
Réalité du pouvoir
En mai 2024, Gilbert Bawara, ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, avait précisé que Faure Gnassingbé resterait en fonction jusqu’à l’élection de son successeur et la désignation du président du Conseil par les deux chambres du parlement.
L’article 97 de la nouvelle constitution stipule que « la première élection du Président de la République et la première désignation du président du Conseil, après promulgation de la présente constitution, interviendront à partir de la mise en place des deux chambres du parlement ». Depuis les élections législatives d’avril dernier, seule l’installation du Sénat reste à achever avant la mise en œuvre complète de ces réformes.
Faure Gnassingbé, fort de ses 19 années au pouvoir, est pressenti pour occuper le poste de président du Conseil, un rôle qui ne l’empêchera pas de continuer à exercer la réalité du pouvoir. En tant que chef du gouvernement, le président du Conseil détermine et conduit la politique de la nation, définit la politique étrangère, préside le Conseil des ministres, et est le chef suprême des armées, avec autorité sur les forces de sécurité, selon l’article 50 de la nouvelle constitution.
La charte fondamentale du pays précise que les deux tiers du Sénat seront élus par les conseillers municipaux et régionaux, tandis que le président désignera le tiers restant. Selon l’article 47, le parti majoritaire ou la coalition majoritaire doit transmettre par écrit au bureau de l’Assemblée nationale le nom du président du Conseil désigné. Le président de la République, quant à lui, sera « élu par le parlement réuni en Congrès », comme l’indique l’article 35 de la constitution.
La réforme constitutionnelle supprime l’élection présidentielle au suffrage universel, ce que Faure Gnassingbé a salué, le 31 décembre dernier, dans son discours de Nouvel An, en affirmant que le Togo est désormais « une véritable démocratie parlementaire ». Cependant, les principaux partis de l’opposition, l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et les Forces démocratiques pour la République (FDR), ont boycotté les élections sénatoriales, contestant la légitimité de cette réforme.
SS/odl/ac/Sf/APA