A l’opposé de plusieurs pays ouest-africains, le Togo a opté depuis longtemps pour une stratégie de rapprochement avec les pays dirigés par des juntes militaires, notamment ceux de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Le président togolais Faure Essozimna Gnassingbé a accordé lundi 12 août une audience à une délégation ministérielle nigérienne conduite par le colonel Garba Hakimi, ministre de la Santé publique, de la Population et des Affaires sociales du Niger. Il était porteur d’un message de fraternité du général Abdourahamane Tiani, président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), le nom de la transition au Niger depuis le renversement du président Mohamed Bazoum en juillet 2023.
« Nous avons été reçus par le président Faure Gnassingbé. Il s’agit d’une mission dépêchée au Togo par le général de brigade Abdourahamane Tiani pour remettre un message de fraternité au Président du Togo » a-t-il déclaré, sans plus de précision.
Au cours de la rencontre, le ministre dit avoir exprimé la profonde gratitude du peuple nigérien envers le Président Gnassingbé pour son engagement constant en faveur de la paix et de la stabilité en Afrique de l’Ouest et sur l’ensemble du continent.
Après que plusieurs pays ouest-africains ont pris leurs distances avec les régimes militaires établis au Mali, au Burkina Faso et au Niger depuis 2020, le Togo a opté pour une stratégie de rapprochement. Cette ligne a permis à Lomé de s’imposer comme un acteur clé dans la médiation pour le règlement des conflits dans une région marquée par des défis sécuritaires majeurs, tels que les violences perpétrées par des groupes terroristes et l’instabilité politique fruit des coups d’Etat.
En septembre 2023, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont formé l’Alliance des Etats du Sahel (AES), avant d’annoncer en janvier 2024 leur retrait de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Ces trois pays reprochent à cette organisation régionale d’être sous l’influence des puissances occidentales, en particulier de la France.
Au lendemain du premier sommet des dirigeants de l’AES, tenu le 6 juillet 2024 à Niamey au cours duquel l’Alliance a donné lieu à une Confédération, les dirigeants de la Cédéao ont désigné le président Faure Gnassingbé du Togo et son homologue sénégalais Bassirou Diomaye Faye pour mener des efforts de médiation. Cependant, les autorités de Bamako, Ouagadougou, et Niamey ont réitéré leur position, affirmant que leurs relations avec la Cédéao appartiennent désormais au passé.
Lors du sommet de la Cédéao, le président de la Commission de l’organisation régionale, le Gambien Omar Alieu Touray, a toutefois émis un nouvel avertissement à l’attention des dirigeants de l’AES, soulignant que le retrait de ces trois pays pourrait entraîner un « isolement diplomatique et politique » et faire courir un risque de « désintégration » à la région. Dans un entretien marathon avec la télévision nationale, le général Tiani a répondu que tout Etat de la Cédéao qui prendrait des mesures contre les ressortissants nigériens dans la sous-région se verrait appliquer la réciprocité.
ODL/Sf/ac/APA