Le président Tinubu est arrivé au pouvoir en mai 2023, succédant à Muhammadu Buhari.
Pour de nombreux Nigérians, la faiblesse de l’économie est une source d’angoisse quotidienne ressentie à un niveau personnel.
Certains pensent que cette situation est due aux mauvais choix électoraux ayant conduit à l’élection de Bola Tinubu comme cinquième président du Nigeria depuis le retour de la démocratie il y a 25 ans.
La présidence de M. Tinubu a marqué son premier anniversaire la semaine dernière, et les Nigérians ont exprimé que la vie est devenue extrêmement difficile depuis son arrivée au pouvoir.
Une coalition de syndicats nigérians a entamé une grève nationale lundi pour souligner ce mécontentement.
« Avant son mandat, l’économie du pays était déjà en difficulté, mais maintenant elle est au point mort », a déclaré un fonctionnaire souhaitant rester anonyme.
Selon une enquête de l’Africa Polling Institute (API), la première année de l’administration Tinubu n’est pas satisfaisante. Le président s’efforce encore de répondre à la demande des syndicats pour une révision du salaire minimum national et de gérer l’économie problématique du pays.
L’API a révélé que la faim, la pauvreté et l’insatisfaction sont les réalités du quotidien pour les Nigérians, avec 84 % des citoyens exprimant une profonde tristesse concernant la situation actuelle du pays.
Le dernier sondage de l’API, publié le 29 mai 2024, indique que 81 % des personnes interrogées estiment que le pays va dans la mauvaise direction.
Parmi les préoccupations principales, 36 % des Nigérians se plaignent de la faim croissante, 28 % de l’incapacité à satisfaire les besoins de base, 13 % du chômage, 9 % de l’insécurité accrue et 5 % de la pénurie d’électricité.
De plus, 74 % des citoyens affirment que leur situation économique personnelle s’est détériorée au cours de l’année écoulée, contre 20 % qui la trouvent inchangée et seulement 5 % qui la jugent améliorée.
L’enquête nationale, réalisée entre le 1er et le 18 mai 2024, a utilisé une méthode d’échantillonnage aléatoire stratifiée pour garantir la représentation de tous les groupes démographiques. Elle a interrogé 3 996 citoyens, fournissant un ensemble de données solide et diversifié.
Concernant les performances professionnelles du président Tinubu, 78 % des citoyens les jugent catastrophiques, avec 49 % le qualifiant de « très mauvais » et 29 % de « mauvais ».
Ce mécontentement généralisé s’étend aussi aux autres branches du gouvernement : 81 % des citoyens estiment que le président du Sénat, Godswill Akpabio, est déplorable, tandis que 79 % pensent de même de Tajudeen Abbas, président de la Chambre des représentants.
Le pouvoir judiciaire, dirigé par le juge Olukayode Ariwoola, n’échappe pas aux critiques, 75 % des citoyens lui attribuant également une mauvaise note.
L’API a aussi demandé aux citoyens d’évaluer les membres du cabinet de Tinubu. Il en ressort que 68 % pensent qu’aucun ministre n’a obtenu de bons résultats, bien que 32 % ont identifié ceux qu’ils considèrent comme les plus performants et les moins performants.
En parallèle, la plateforme Civic-tech BudgIT critique le manque de transparence fiscale sous l’administration Tinubu. Selon BudgIT, le Bureau du budget n’a pas publié le rapport d’exécution du budget 2023 du deuxième trimestre comme exigé par la loi sur la responsabilité fiscale, et les comptes fiscaux fédéraux n’ont pas été mis à jour depuis août 2023.
Des experts économiques, dans un article du journal Punch, présentent des opinions divergentes sur la performance du gouvernement Tinubu lors de son premier anniversaire. Selon Analysts Data Services & Resources, Tinubu a surpassé son prédécesseur Buhari avec un score de 53,6 % contre 48,8 %, mesuré sur 25 indicateurs économiques.
Cependant, malgré ces analyses, les industriels nigérians se plaignent que la multiplicité des impôts et taxes entrave la compétitivité du secteur manufacturier, surtout dans le contexte de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA).
En matière de sécurité, les statistiques montrent qu’environ 4 500 personnes ont été tuées et 7 000 kidnappées au cours de la dernière année sous l’administration Tinubu.
GIK/as/lb/ac/APA