L’Association des victimes du régime de l’ancien président Hissène Habré a tenu, lundi à son siège de N’Djaména, un sit-in afin d’exiger le paiement de ses indemnisations, conformément à la décision de justice rendue maintenant il y a quatre ans et condamnant des ex-agents de la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS).
Des hommes, des femmes et des personnes âgées, tous membres de l’Association des victimes du régime de l’ancien président Hissène Habré ont brandi des banderoles pour demander à l’Etat tchadien de « respecter l’obligation de réparation ».
Clément Abaïfouta, le président de cette association a tiré à boulets rouges sur le gouvernement tchadien qu’il considère comme le « responsable du calvaire des victimes ». Selon M. Abaïfouta, « l’Etat tchadien, en tant que membre de l’Union africaine et de l’Onu, a ratifié des textes, pris des engagements aux niveaux régional et international ».
Partant de là, il a souligné que l’acceptation par l’Etat tchadien d’un procès contre les agents de la DDS signifie qu’il a l’obligation d’exécuter la décision de justice. « Malheureusement, quatre ans après, rien n’avance », a regretté Clément Abaïfouta.
De l’avis du président de l’Association des victimes du régime d’Habré, le refus du gouvernement tchadien d’appliquer le verdict de la Cour criminelle spéciale fait très mal aux victimes. Une seconde souffrance après les atrocités subies durant le magistère d’Hissène Habré.
« Nous avons le droit de demander au gouvernement des comptes. Ce mutisme nous fait mal. Aujourd’hui, 80 de nos camarades sont décédés. Jusqu’à quand devons-nous attendre ? », s’est demandé Clément Abaïfouta. A en croire Clément Abaïfouta, l’argent des indemnisations aurait permis aux victimes de panser leurs plaies.
En mars 2015, 25 agents de la DDS ont été jugés puis condamnés à la prison à perpétuité ou à 20 ans de réclusion. En outre, la Cour criminelle spéciale a condamné l’Etat tchadien au versement de plus de 70 milliards F CFA à titre d’indemnisation aux victimes. Depuis lors, l’Etat tchadien n’a pas appliqué cette décision judiciaire.
De son côté, Hissène Habré a été condamné, le 30 mai 2016, à la prison à perpétuité pour crimes contre l’humanité et torture, notamment pour viols et esclavage sexuel, ainsi que pour crimes de guerre, par les Chambres africaines extraordinaires (CAE) au sein des juridictions sénégalaises. Le 27 avril 2017, une Chambre d’appel a confirmé le verdict, non sans ordonner à Habré le paiement de 80,7 milliards F CFA pour l’indemnisation des victimes.
Les Chambres africaines extraordinaires ont été mises sur pied grâce à un accord entre l’Union africaine (UA) et le Sénégal, où Habré avait trouvé refuge après son renversement par l’actuel président tchadien Idriss Déby Itno en décembre 1990.
Une commission d’enquête tchadienne évalue, sous le régime d’Hissène Habré (1982-1990), le bilan de la répression à quelque 40 000 morts.
AHD/id/cat/APA