L’Ong de défense des droits humains Humanitaire Rights Watch (HRW) exige la fermeture de la prison de haute sécurité construite dans le désert tchadien, à 600Km de la capital, Koro-Toro réputée pour ses mauvaises conditions de détention.
Dans un rapport de 94 pages publié ce 6 août 2024, Human Rights Watch a documenté de manière détaillée la détention des personnes interpellées lors des évènements du 20 octobre 2022. Intitulé « Pire que l’enfer : Mort et torture à la prison de Koro Toro au Tchad », le rapport met en lumière les conditions de détention dans ce bagne situé à 600Km de la capitale.
L’organisation internationale de défense des droits de l’homme s’est appuyée sur des témoignages des anciens détenus de ce bagne. Pour la cause, elle a indiqué s’être entretenue avec 150 personnes dont 71 détenus adultes et un mineur. Les enquêtes bouclées en juin 2023 ont permis la rédaction du rapport publié ce 6 août 2024. Sur la base de ces témoignages, le rapport raconte comment et dans quelles conditions les manifestants du 20 octobre ont été interpellés, puis transférés et détenus à Koro-Toro.
11 personnes mortes
HRW parle de violations graves des droits de l’homme durant ces différentes étapes. Passage à tabac ou autres mauvais traitements lors de l’arrestation, transfert forcé, déshydratation, travail forcé sont autant de violations relevées dans ce rapport.
Onze personnes sont mortes en cours du trajet et juste après leur arrivée au bagne de Koro-Toro à cause du mauvais traitement, a recensé l’organisation. « Les gens buvaient leur propre urine. Ils suppliaient leurs propres frères pour avoir leur urine », a raconté un ancien détenu de cette prison à Human Rights Watch.
La prison de haute sécurité de Koro-Toro compte deux compartiments, distants d’un kilomètre et demi. Le premier bloc est construit sous l’ère du président Hissein Habré. Le second sous le règne d’Idriss Déby Itno. D’où les noms Koro-Toro 1 (Hissein Habré) et Koro-Toro 2 (Idriss Déby Itno).
Human Rights Watch, grâce aux descriptions des anciens détenus, présente le bloc de Koro-Toro 1 comme une prison démodée avec des bâtiments délabrés, sans portes, où les logements sont bondés, la nourriture en quantité insuffisante, les soins primaires manquent. La vie à l’intérieur de Koro-Toro 1 est gérée par des détenus supposés ou appartenant au groupe terroriste Boko Haram.
« Les soldats leur ont donné l’autorité de facto de maltraiter d’autres prisonniers », ont rapporté les anciens détenus. Les brimades pour de petits manquements aux règles de la prison sont légion. L’organisation, dans ses recommandations, appelle le gouvernement à « fermer immédiatement la prison de Koro-Toro 1 qui s’avère inadaptée pour la détention des prisonniers. »
Par contre, elle demande la rénovation de Koro-Toro 2 afin de pouvoir accueillir des prisonniers dans de bonnes conditions. L’organisation insiste sur le respect des normes énoncées dans l’ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus, connu sous le nom de « Règles Nelson Mandela ».
Sur les violations des droits de l’homme, Human Rights Watch demande au gouvernement de suspendre l’application de l’amnistie générale pour tous les membres des forces de sécurité impliqués dans les abus contre des personnes ayant participé aux manifestations du 20 octobre 2022.
CA/Sf/te/APA