Pour les responsables de ces partis politiques qui s’opposent au régime de transition, ils ne sont pas prêts à se soumettre à ces Ordonnances illégaux et illégitimes.
Habilité par la loi 06/PT/2023 du 4 juillet 2023 à légiférer par voie d’ordonnance pendant les vacances parlementaires, le gouvernement a pris une série d’Ordonnances pour définir les conditions d’exercice des libertés publiques et politiques. Pour organiser une manifestation sur la voie publique, une réunion publique ou des attroupements, l’organisateur doit fournir des informations complètes sur lui, son organisation et la nature de son activité. Les sanctions pénales prévues par ces Ordonnances vont de quinze jours à deux ans d’emprisonnement en cas d’organisation et de participation à une manifestation ou réunion interdite.
A la publication de ces décisions gouvernementales, les leaders des partis politiques opposés au régime de transition sont montés au créneau pour dénoncer ces actes.
Pour Avocksouma Djona, président du parti Les Démocrates, ces Ordonnances sont liberticides. « Par cette Ordonnance, la répression s’organise férocement. Le gouvernement vient d’édicter des mesures totales pour faire taire à jamais toute voix discordante au Tchad. L’ordonnance est devenue le moyen armé pour réprimer dans le sang ce qu’il faisait allégrement dans le passé », analyse-t-il.
D’après lui, aucune possibilité n’est donnée à quiconque pour s’opposer au système en place, aucune voie de recours. « La loi dans toute sa rigueur comme tout système qui considère son propre peuple comme son ennemi comme au temps de l’apartheid en Afrique du Sud. Le pire est donc à venir », prévient-il.
Pour Max Kemkoye, président du parti UDP, ces Ordonnances sont nul et de nul effet. Il explique que les questions de libertés publiques et politiques sont des questions qui relèvent du domaine législatif. « Donc seul l’élu peut être titulaire du droit et de légitimité pour pouvoir prendre une ordonnance. Il en est de même pour l’organe. A ce niveau, c’est un droit de suprématie dont un président de transition n’a ni compétence ni qualité », tranche-t-il. Le président de l’UDP s’étonne qu’à l’approche de l’élection référendaire, de tels actes sont pris par les autorités. « Le paradoxe c’est que comment dans un processus de transition où des consultations sont prévues pour un retour à l’ordre constitutionnel, un président de transition décide de mettre sous cloche les libertés publiques et politiques. Ce sont des ordonnances scélérates pour pouvoir comprimer ces libertés », dénonce-t-il.
Les leaders politiques de l’opposition appellent les autorités à retirer ces actes qu’ils estiment illégaux et illégitimes. « Ce sont des ordonnances antidémocratiques, et j’appelle les autorités à les lever simplement sinon nous devrons nous associer nos voix pour dire non à ces ordonnances », conclut le président du parti Les Patriotes, Nassour Ibrahim Koursami.
CA/ac/APA