La Tanzanie connaît une escalade des tensions politiques. Des leaders sont ciblés alors que le principal parti d’opposition, Chadema, défie l’interdiction gouvernementale de manifester à Dar es Salaam.
La Tanzanie traverse une période de tension politique alors que le principal parti d’opposition, Chadema, acronyme de Chama cha Demokrasia na Maendeleo (Parti pour la démocratie et le progrès en swahili), tente d’organiser une manifestation interdite à Dar es Salaam.
Cette mobilisation, visant à dénoncer les disparitions de militants politiques, a été déclenchée par le meurtre récent d’Ali Mohamed Kibao, un dirigeant du parti.
En réponse, les autorités ont procédé à l’arrestation du vice-président de Chadema, Tundu Lissu, et bloqué l’accès au domicile du président du parti, Freeman Mbowe.
Des forces anti-émeutes et des canons à eau ont été déployés dans des points stratégiques de la capitale économique. Des vidéos de ce déploiement ont été postés sur les réseaux sociaux par les partisans de Lissu.
Chadema accuse la présidente Samia Suluhu Hassan de revenir aux pratiques autoritaires de son prédécesseur, John Magufuli, malgré des promesses initiales d’ouverture démocratique.
Cette répression s’inscrit dans un contexte plus large de tensions, avec le souvenir encore frais d’une manifestation en août ayant conduit à l’arrestation de 520 personnes liées au parti.
La situation a suscité l’inquiétude de plusieurs pays occidentaux et ONG, mais la présidente Hassan a fermement rejeté ces critiques étrangères, affirmant la souveraineté de la Tanzanie dans la gestion de ses affaires internes.
Le bilan dressé par la Tanganyika Law Society, faisant état de 83 enlèvements ou disparitions entre 2016 et 2024, illustre l’ampleur des défis en matière de droits humains auxquels le pays est confronté.
Malgré les risques, l’opposition maintient son appel à une manifestation « pacifique et de deuil », défiant ainsi ouvertement l’interdiction gouvernementale et mettant en lumière les profondes divisions qui traversent actuellement la société tanzanienne.
Sf/APA avec AFP