Les députés sénégalais, sur convocation du président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, seront en séance plénière le 4 mai prochain pour se pencher sur la suppression du poste de Premier ministre, un projet de loi du président Macky Sall dénoncé par l’opposition significative qui réclame à ce sujet l’avis du peuple via un référendum.
Selon le programme de la séance plénière dont APA a obtenu copie ce vendredi, les travaux débuteront à 10h et le projet de loi constitutionnelle sera défendu par Me Malick Sall, nouveau ministre de la Justice dans le gouvernement formé le 7 avril dernier.
Dans ses grandes lignes, cette réforme constitutionnelle touchera une vingtaine d’articles sur la centaine que compte la Constitution et elle aura comme finalité la célérité dans les procédures administratives ou « Fast Track », une expression lancée par le chef de l’Etat.
Selon Le Soleil, l’adoption du projet de loi se traduira dans le détail par un régime présidentiel plus marqué, avec le chef de l’Etat qui sera en contact direct avec ses ministres.
Toutefois, l’équilibre entre l’exécutif et le législatif sera sauvegardé, relève le quotidien national, ajoutant que l’Assemblée nationale ne sera plus habilitée à mettre en œuvre les modalités de responsabilisation du gouvernement, concernant la motion de censure ou la question de confiance.
De son côté, ajoute Le Soleil, le président de la République va perdre son pouvoir de dissolution du pouvoir législatif, rendant ainsi irrévocable le mandat de député.
Rejet de l’opposition
Silencieuse dans un premier temps, l’opposition à travers surtout ses quatre candidats malheureux à la présidentielle, a dans un communiqué publié jeudi, rejeté pour diverses raisons le projet de loi portant modification de la Constitution.
Dans la forme, Idrissa Seck, Ousmane Sonko, Issa Sall et Madické Niang s’y opposent au motif qu’elle va passer comme lettre à la poste du fait qu’elle sera soumise à une institution constituée dans son écrasante majorité par des membres de la coalition présidentielle.
Dans le fond, les opposants déplorent «que des modifications aussi substantielles de la Constitution aient été initiées en l’absence de toute forme de concertation».
Partant de là, soulignent-t-ils, «l’initiative de supprimer le poste de Premier ministre exige une nouvelle consultation du peuple », c’est-à-dire le référendum.
Autre motif de rejet pour Idrissa Seck, Ousmane Sonko, Issa Sall et Madické Niang : «ce projet n’a été mentionné dans aucun des programmes proposés aux Sénégalais lors de l’élection présidentielle du 24 février 2019».
Ce scrutin a été remporté dés le premier tour par Macky Sall, grâce à un score de 58% des suffrages qui lui confère un second mandat de cinq ans à la tête du Sénégal.
Répondant aux opposants, El Hadj Hamidou Kassé, un haut responsable de l’Alliance pour la République (APR, au pouvoir), a qualifié de « curieuse » leur sortie, selon un communiqué reçu à APA
« Après avoir rejeté l’appel du Président de la République au dialogue, après avoir déclaré ne pas reconnaître le Président élu démocratiquement et en toute transparence, comment peuvent-ils, sans exposé de motifs, explication et justification, demander au Chef de l’Etat, de procéder à des consultations (avec eux!) pour présenter un projet de réforme de la Constitution à l’Assemblée nationale, prérogative que la Constitution lui confère? », se demande M. Kassé, par ailleurs responsable de la cellule de communication du Palais.
A en croire, Walf Quotidien, hormis l’opposition, des mouvements de la société civile comme « Y en a marre », les FDS et FRAPP sont en train de se mobiliser et « appellent à la révolte ce samedi», jour d’examen par l’Assemblée nationale du projet de loi.
ODL/cat/APA