Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a annoncé mardi que la crise mondiale du financement humanitaire l’avait contraint à suspendre son aide essentielle aux réfugiés en Égypte.
La crise du financement humanitaire prive d’aide des dizaines de milliers de personnes en Égypte, dont de nombreux Soudanais ayant fui la guerre, d’un accès aux soins médicaux, aux services de protection de l’enfance et à d’autres formes d’assistance.
Dans un communiqué, le HCR a expliqué que l’insuffisance des financements et l’incertitude persistante quant aux contributions des donateurs ont entraîné la suspension de tous les soins médicaux pour les réfugiés, à l’exception des interventions d’urgence. Cette mesure affecte environ 20 000 patients, dont certains souffrant de maladies graves nécessitant une prise en charge continue, comme le cancer, les maladies cardiaques ou le diabète.
L’Égypte accueille plus de 1,5 million de réfugiés soudanais, soit la plus grande population de déplacés de ce conflit. Parmi eux, environ 670 000 sont enregistrés auprès du HCR. Au total, plus de 12,5 millions de Soudanais ont été contraints de fuir leur domicile depuis le début du conflit en avril 2023.
Des vies en danger
Abdelazim Mohamed, 54 ans, fait partie des réfugiés menacés par ces coupes budgétaires. Fuyant Khartoum avec sa femme, il avait trouvé refuge en Égypte dans l’espoir d’y recevoir un traitement pour sa grave maladie cardiaque.
« Rester au Soudan sans accès aux soins était une condamnation à mort », confie-t-il. Grâce au soutien du HCR, il a pu subir deux interventions pour la pose de stents coronariens.
Mais aujourd’hui, la suspension des programmes d’aide remet en question sa survie.
« Sans mes médicaments, combien de temps me reste-t-il ? » s’inquiète-t-il. « Et que deviendra ma femme si je ne suis plus là ? »
Jakob Arhem, responsable de la santé publique au HCR au Caire, rappelle que l’accès aux soins a été un facteur déterminant dans la fuite de nombreux réfugiés soudanais.
« Le système de santé au Soudan s’est effondré dès le début des combats. Beaucoup sont venus ici dans l’espoir d’être soignés », explique-t-il. Or, même si les réfugiés ont théoriquement accès au système de santé égyptien, très peu peuvent se permettre d’en payer les frais.
Une crise humanitaire qui s’aggrave
En 2023, le HCR n’a reçu que 50 % des 135 millions de dollars nécessaires pour aider près d’un million de réfugiés et demandeurs d’asile en Égypte. Cette année, la situation est encore plus critique, forçant l’organisation à prioriser les aides vitales pour les groupes les plus vulnérables, comme les enfants non accompagnés et les victimes de violences.
Fara Nassef, responsable de la protection de l’enfance au HCR, cite le cas d’un jeune réfugié soudanais souffrant de handicaps mentaux et physiques, qui bénéficiait jusqu’ici d’une prise en charge complète.
« Avec la réduction des financements, il se retrouve livré à lui-même, sans famille ni soutien », déplore-t-elle.
Face à cette crise, le HCR appelle la communauté internationale à agir de toute urgence.
« L’Égypte est sous une pression immense et ses services essentiels sont à bout », avertit Marti Romero, représentant adjoint du HCR en Égypte. Et d’ajouter :« Sans une mobilisation immédiate, la situation des réfugiés et des populations locales risque de s’aggraver encore. »
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