Confirmant la décision de quitter la Cédéao, le ministre burkinabè des Affaires étrangères a tenté de rassurer sur la préservation des acquis en matière de libre circulation et mis en avant une stratégie de développement endogène pour le Sahel.
Le chef de la diplomatie burkinabé, Karamoko Jean Marie Traoré a défendu samedi à la télévision nationale la décision des trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) de se retirer de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
« C’est en toute conscience et après mûre réflexion » que les chefs d’État du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont pris cette décision, a déclaré le ministre, la qualifiant d’« acte de survie » face à ce qu’il décrit comme un « confinement économique, financier et politique » imposé par l’organisation régionale, notamment au Niger.
« Nous n’avons pas quitté la Cedeao pour que la Cedeao meure. Nous avons quitté la Cedeao pour que le Sahel vive », a souligné M. Traoré. Et de critiquer une organisation qui, selon lui, s’éloigne de sa vocation initiale.
« Je rappelle que c’est une organisation d’intégration économique et non de désintégration. Je rappelle que c’est une organisation qui aspire vers une Cédéao des peuples », a-t-il ajouté.
Face aux inquiétudes sur les conséquences de ce retrait, notamment concernant la libre circulation des personnes et des biens, le chef de la diplomatie burkinabè s’est voulu rassurant. Il a qualifié d’« erroné » le « narratif qui consiste à effrayer » les populations sur d’éventuelles difficultés de circulation.
Citant une récente déclaration du président en exercice de l’AES, le général Assimi Goïta, le ministre a assuré que « les acquis positifs en matière de libre circulation des personnes et des biens sont sauvegardés au sein de l’espace AES ».
M. Traoré a également rejeté l’idée selon laquelle les trois pays seraient perdants dans cette décision. « Nous ne sommes pas une enclave totalement dépendante des autres pays de la Cédéao. Nous sommes dans une dynamique d’interdépendance », a-t-il affirmé, ajoutant que « les trois chefs d’État ne prendront jamais de mesures qui soient contre les intérêts de leur population ».
Le ministre a indiqué que si des « répercussions » sont à prévoir « au niveau politique, au niveau économique, au niveau diplomatique », elles n’iront pas « dans le désavantage » des pays de l’AES. Au contraire, selon lui, ce retrait permettra « d’amorcer un véritable développement endogène » et de « prendre l’envol » hors des « chaînes qui nous ont longtemps maintenus dans un carcan ».
Les pays de l’AES ont annoncé leur retrait immédiat de la Cédéao en janvier 2024, accusant l’institution communautaire d’être à la solde de la France. Malgré cette décision, l’organisation régionale, lors de son sommet de décembre à Abuja, a prorogé le délai de sortie des trois pays après l’expiration du préavis initial, mandatant à cet effet les présidents du Sénégal et du Togo pour poursuivre les discussions.
Dans une déclaration signée par le président Assimi Goïta, le collège des chefs d’État de l’AES a fermement rejeté cette prorogation, la qualifiant d’unilatérale et contraire à leur volonté.
AC/Sf/APA