L’abattage, hier dimanche, d’un hippopotame en divagation qui terrorisait la population de Kédougou (plus de 700 km au sud-est de Dakar), a provoqué une vague d’indignation sur les réseaux sociaux où les photos de l’animal baignant dans une mare de sang ont été publiées.
L’hippopotame avait quitté le fleuve Gambie (sud), son milieu naturel, pour errer dans les rues de Kédougou et c’est sur ordre du Gouverneur de la région qu’il a reçu mortellement à la tête cinq balles de calibre 375, tirées par François Uart, chasseur et directeur du campement « le Relais ».
S’insurgeant contre cet acte, un internaute nommé Babacar Mbaye écrit sur sa page Facebook : « Entre l’hippopotame tué et le méchant tueur, qui est vraiment le vrai animal ? Pourquoi aussi ne pas le neutraliser par une simple flèche injection pour ensuite le retourner dans son milieu naturel ? Et au lieu de le tuer, n’était-il pas plus correct d’appeler les sapeurs-pompiers ou bien les gardes forestiers ? ».
Tahirou Sarr, un autre internaute, s’attaque, lui, au bourreau du pachyderme en clamant : « l’hippopotame sénégalais fut tué par un vieux Hippopotame Français sous les ordres de la Gendarmerie sénégalaise ».
Sur son mur, ce jeune homme a rappelé que malgré les maigres moyens des agents des Eaux et Forêts, ces derniers pratiquent bien la télé-anesthésie (fléchage au fusil hypodermique ou à la sarbacane). Un tel procédé permet la capture et la contention d’animaux dangereux ou surexcités.
De son côté, Luandino Vieira voit, dans l’abattage de cet hippopotame, « la pauvreté d’esprit » de ses concitoyens et regrette le « peu d’importance » que nous accordons au souffle et à la biodiversité. « C’est un manque d’intelligence ou de l’’incapacité ? », se demande, pour sa part, Seydina Ibn Assane qui regrette qu’on ait perdu « un élément de la nature ».
Abondant dans le même sens, le journaliste Elimane Ndao estime que « tous les animaux de la chaîne alimentaire sont importants. À chaque fois que l’un d’entre eux disparaît, il compromet la survie de l’autre et ainsi donc de celui qui est au sommet de la chaîne : l’homme ».
Des juristes, des associations de défense des animaux et des personnalités politiques comme le ministre, chef de cabinet du président Macky Sall, Moustapha Diakhaté, ont aussi dénoncé « avec la dernière énergie » la mise à mort de l’hippopotame.
Face au tollé, le responsable de la Zone d’intérêt cynégétique (ZIC) de la Falémé et chef de la Faune de Kédougou, le commandant Moussa Ndour, a déclaré : « La décision de l’’abattage de l’hippopotame, qui a dérangé toute la quiétude de la population de Kédougou, n’était nullement l’intention des autorités en charge de la question. Elle est due à un manque de moyens matériels auquel le service fait face pour immobiliser l’animal ».
Toujours selon M. Ndour, « dans des situations pareilles, la première option est de neutraliser l’animal mais malheureusement nous ne disposons pas de neutralisants ».
ARD/cat/APA