La Fondation Konrad Adenauer Sénégal et Wathi, think tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest, ont organisé ce mercredi une table ronde pour faire le point sur les premiers mois de la présidence de Bassirou Diomaye Faye, un événement qui a permis d’analyser les réformes et les défis à venir sous ce nouveau gouvernement.
Au Sénégal, l’élection de Bassirou Diomaye Faye, au premier tour en février 2024, avait suscité un espoir immense, notamment parmi les jeunes, dont le soutien massif a été décisif. Six mois plus tard, la table ronde organisée par la FKA et Wathi a offert une occasion de revenir sur les débuts de ce mandat marqué par une volonté affichée de rupture.
Cependant, comme l’a reconnu Giles Yabi, directeur exécutif de Wathi, « en six mois, on ne peut absolument pas répondre à des attentes qui sont immenses. Il s’agit encore de prendre la mesure de la situation financière du pays et de poser les bases des réformes. »
Il a également souligné l’importance d’un accompagnement pédagogique des réformes à venir. « Les citoyens doivent maintenir la pression et continuer à s’exprimer pour demander des changements de système, mais il est crucial que le gouvernement explique les étapes et le rythme de ces réformes afin de tempérer les impatiences », a-t-il plaidé.
La promesse de rupture, thème central de la campagne de Bassirou Diomaye Faye, continue de nourrir les débats. Les premiers mois ont permis des avancées, notamment dans le domaine de la lutte contre la corruption, comme l’a mentionné Alioune Tine, fondateur de l’Afrikjom Center. « Ce qui a été fait dans le domaine de la justice rassure. On peut espérer des progrès, mais il faudra plus de temps pour voir des résultats tangibles », a-t-il indiqué.
Par ailleurs, M. Tine a rappelé que le défi pour ce nouveau pouvoir n’est pas seulement de répondre aux attentes, mais aussi de s’attaquer à un système profondément enraciné. « Le système est complexe à définir et à transformer. C’est un grand défi de se battre contre lui, et le gouvernement est encore dans une phase d’apprentissage », a-t-il relevé.
Les jeunes au cœur de la réflexion
L’une des thématiques principales abordées lors de la table ronde a été le rôle central des jeunes dans cette transition politique. Pour Giles Yabi, leur implication a été un facteur clé dans l’élection de Bassirou Diomaye Faye. Il a insisté sur la nécessité pour le gouvernement de continuer à répondre à leurs attentes.
« Les jeunes ont été un élément très important dans l’arrivée au pouvoir du président Faye, et cette table ronde permet de se projeter dans les mois et années à venir, notamment à travers les élections législatives de novembre prochain », a-t-il dit.
Outre les réformes économiques et sociales, cette rencontre a aussi été l’occasion d’évoquer la nécessité d’une modération du discours politique. Alioune Tine a insisté sur la responsabilité des leaders politiques dans la préservation de la paix sociale.
« Les leaders politiques doivent bannir les insultes et la haine. C’est essentiel pour maintenir un équilibre dans le pays, notamment sur les questions politico-religieuses, qui sont particulièrement sensibles », a-t-il exhorté.
Alors que le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye s’apprête à affronter les élections législatives de novembre 2024, les discussions ont également mis en lumière les défis immédiats, notamment la transparence du processus électoral.
« Il faut que l’État et l’opposition s’engagent dans un dialogue constructif et sans tabous pour éviter les tensions », a conseillé Alioune Tine. Il a également réitéré l’importance d’introduire le bulletin unique pour faciliter les élections et éviter la saturation des listes de candidats.
ARD/ac/Sf/APA