Les forces de défense maliennes et sénégalaises intensifient leur coopération, à travers des patrouilles conjointes, dans un contexte d’insécurité croissante à leur frontière commune, où le groupe jihadiste JNIM multiplie les attaques. L’assassinat récent d’un guide religieux sénégalais par ce groupe affilié à Al-Qaïda souligne l’urgence de cette collaboration transfrontalière.
Le 20 février 2025, la localité frontalière de Diboli a servi de cadre au lancement officiel des patrouilles conjointes entre le Mali et le Sénégal dans la région de Kayes. Cette initiative intervient dans un contexte marqué par une recrudescence des activités jihadistes dans l’ouest malien, où le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) a revendiqué plusieurs attaques visant principalement les forces maliennes.
La menace s’est dramatiquement illustrée par l’enlèvement et l’assassinat d’un guide religieux appartenant à une éminente famille maraboutique soufie sénégalaise. L’annonce de sa mort par Amadou Kouffa, le numéro deux du JNIM, témoigne de l’audace croissante de cette alliance jihadiste proche d’Al-Qaïda dans la région.
Pour contrer ces menaces, les deux pays ont déployé des moyens significatifs. Du côté sénégalais, la Zone militaire N°4 et le Groupe d’action rapide de surveillance et d’intervention (GARSI) ont été mobilisés. Les forces armées maliennes et leurs services de sécurité intérieure participent également activement à ces patrouilles qui se concentrent sur la surveillance des axes stratégiques et la protection des populations locales.
L’ancien Premier ministre malien, Moussa Mara, a salué cette initiative de coopération transfrontalière. « Je salue fortement cette idée qui illustre ce que nous devons faire en Afrique de l’Ouest face à l’insécurité et au terrorisme. Autant les malfaiteurs se jouent de nos frontières, autant nos États doivent avoir la souplesse d’esprit de se donner la main pour coopérer dans toutes nos zones frontalières », a-t-il déclaré, appelant également à pérenniser ces initiatives sécuritaires.
Une coopération qui transcende les tensions régionales
Cette collaboration sécuritaire s’inscrit dans une dynamique diplomatique plus large, comme l’illustre la récente visite à Bamako du ministre sénégalais de la Défense, Birame Diop. Lors de sa rencontre avec son homologue malien, le général Sadio Camara, les deux pays ont réaffirmé leur engagement à lutter ensemble contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière, malgré le retrait du Mali de la Cédéao.
Les autorités des deux pays ont exprimé leur volonté de pérenniser ces patrouilles le long de leur frontière commune de près de 700 kilomètres. L’objectif est d’établir un mécanisme permanent de surveillance conjointe pour réduire les risques d’attaques et de criminalité transfrontalière.
Cette initiative s’appuie sur des expériences antérieures de coopération régionale. En septembre 2024, le Mali, le Sénégal et la Mauritanie avaient déjà mené des opérations similaires dans leurs zones frontalières communes. La coopération militaire entre le Mali et le Sénégal s’est également manifestée par des échanges de stagiaires dans les écoles militaires depuis la signature d’un accord militaire technique en mars 2021.
Comme l’a souligné le général Sadio Camara, « le Mali a quitté la Cédéao mais reste disposé à bâtir des relations fécondes » avec ses partenaires. Cette position est rejointe par les autorités sénégalaises, le ministre Birame Diop ayant rappelé les « instructions du président Bassirou Diomaye Faye, qui accorde une priorité absolue au renforcement de la coopération entre le Sénégal et le Mali. »
MD/Sf/ac/APA