Le « temps nouveau » qui s’annonce pour le Sénégal « sera celui des initiatives majeures » de la deuxième phase du Plan Sénégal émergent (PSE) qui va suivre en grande partie, dans son programme quadriennal, la « trajectoire du développement des territoires locaux », a déclaré jeudi à Diamniadio (30km de Dakar) le président Macky Sall, à l’ouverture d’un dialogue avec les maires et les présidents de conseil départemental qui n’ont pas manqué de lui faire part de leurs doléances.
En présence des élus locaux de plusieurs collectivités territoriales du Sénégal et de différents bords politiques, l’événement avait pour but de faire « approprier » par ces derniers la deuxième phase du PSE, le programme de développement économique lancé par le chef de l’État à son arrivée au pouvoir en 2012.
Le PSE se décline en un Plan d’actions prioritaires (PAP) et dont la concrétisation de la phase 2 est prévue sur la période 2019-2023, soit un an avant la fin du second mandat du président Sall. Il portera, entre autres, sur la jeunesse, les femmes et les thématiques comme l’économie verte, d’après le président sénégalais.
Le PAP 2 va s’intéresser également dans ses « programmes sectoriels » à l’habitat avec la construction de « 100 logements sociaux », à la salubrité publique et à la mise en place d’industries « au cœur de la cité », a indiqué le chef de l’Etat aux nombreux élus présents dans la salle, dont le maire de Dakar Soham Wardini.
Toutefois, les territoires locaux connaissent de grandes disparités dont Macky Sall s’est dit conscient. « Tout n’est pas fait » ni « prêt » même s’il y a des avancées importantes qui ont été faites depuis 2012, surtout au niveau de l’électrification et l’accès à l’eau qui est de « 95% en milieu rural », a-t-il reconnu.
« Adhérant à la vision » du chef de l’Etat, le maire de la commune de Gaé (nord), Abdou Khadre Ndiaye, par ailleurs secrétaire général de l’Union des associations des élus locaux du Sénégal, a demandé à ce que les « questions de fond (soient) abordées ».
Elles sont relatives pour lui aux « difficultés » des collectivités d’avoir des « ressources de financement local » à cause d’une « obsolescence des taxes » et d’un « transfert de fiscalité qui porte sur le recouvrement des impôts les plus difficiles ».
L’élu a également dénoncé « l’absence » de cadastre rural et de services fiscaux de proximité dédiés, sans compter que le fonds minier « n’arrive pas à être opérationnel » et aussi le « refus » des opérateurs de téléphonie de payer la redevance sur leurs antennes installées dans les communes.
Le président de l’Association des maires du Sénégal (AMS), Aliou Sall, maire de Guédiawaye (banlieue dakaroise) et non moins frère du chef de l’Etat, a pour sa part plaidé pour la « revalorisation de la fonction de maire ». Il souligne que certains de ses collègues peinent même parfois à s’assurer une couverture sanitaire pendant que d’autres reçoivent des salaires dérisoires alors qu’ils sont fortement sollicités au sein de leurs communautés.
« Nous ne sommes pas satisfaits, parfois par la manière », a-t-il ajouté, appelant notamment à la « décentralisation du budget » et à la reconsidération du « statut de l’élu local », provoquant ainsi les applaudissements nourris de plusieurs de ses collègues.
Au plan de la décentralisation, Aliou Sall estime que la capitale Dakar « doit avoir un traitement spécial » car « la tendance mondiale est à la consolidation des grandes agglomérations » au moment où « la ville a perdu des compétences (voirie, publicités, …) ».
Avec le mirage que constitue pour certaines communes l’Acte 3 de la décentralisation, dans sa communalisation intégrale mise en place en 2013, ces dernières supportent aujourd’hui de nombreuses charges même si des élus saluent les « acquis évidents » du régime en place.
Et à travers la politique du PAP 2, qui est de « mettre l’homme au cœur du développement », Macky Sall dit compter sur les élus locaux pour réussir ses missions comme « reverdir nos campagnes » et « assainir nos villes » des déchets.
« L’objectif est d’investir dans l’avenir. Notre nation est très jeune, avec 63% de la population qui a moins de 25 ans », a-t-il souligné, entendant faire jouer aux collectivités territoriales « tout leur rôle » en rendant « forts les exécutifs locaux ».
ODL/te/APA