L’Assemblée nationale du Sénégal a convoqué, ce mardi après-midi, deux réunions de son bureau jugées très « capitales » pour l’opération de reddition des comptes engagée par les nouvelles autorités.
Les ordres du jour, mentionnés dans les deux communiqués signés lundi par le président de l’Assemblée nationale, Malick Ndiaye, ont attiré l’attention de plus d’un : « Informations » et « calendrier de travail pour l’examen d’une affaire en instance ». Ces convocations font suite à l’annonce du parquet du Pool judiciaire financier (PJF) sur l’ouverture d’une information judiciaire concernant une vaste enquête sur des activités suspectes de blanchiment de capitaux, dont le montant serait pour l’heure estimé à « plus de 125 milliards de francs CFA ».
Plusieurs journaux parcourus mardi par APA évoquent une « levée imminente de l’immunité parlementaire de Farba Ngom », député proche de l’ancien président Macky Sall. Un document non officiel mentionnant explicitement le nom de cet influent membre de l’ex-régime a d’ailleurs fuité dimanche sur les réseaux sociaux. Le parquet financier a ensuite publié un communiqué plus neutre, ce qui a suscité des contestations venant de leaders de la société civile comme Birahim Seck, appelant à « plus de rigueur » de la part du PJF.
« Dans le viseur du parquet du Pool judiciaire financier, suite à une série de rapports accablants transmis par la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), Mouhamadou Ngom, dit Farba, fait face à des accusations graves », a rapporté le quotidien L’Observateur. Le journal souligne que les deux réunions prévues ce jour « d’une importance capitale » visent sans « aucun doute » la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom.
De son côté, Sud Quotidien estime que « l’Assemblée entre en action » dans la procédure de reddition des comptes initiée par le PJF. A l’inverse, les nouveaux opposants craignent une tendancieuse opération de « chasse aux sorcières ». L’AS s’interroge ainsi sur « la célérité suspecte » du parlement dominé par les députés du Pastef, le parti au pouvoir, qui détient 130 des 165 sièges après les élections législatives anticipées du 17 novembre dernier.
En parallèle, la quinzième législature a installé, fin décembre, les membres de la Haute Cour de justice, chargée de juger les ministres et présidents des régimes précédents accusés d’infractions relevant de cette juridiction.
Le Pool judiciaire financier, qui a succédé à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) – laquelle avait notamment condamné des figures du régime d’Abdoulaye Wade (2000-2012), dont son fils Karim Wade –, a été créé par une loi adoptée le 2 août 2023.
Doté d’une compétence nationale, cet organe est rattaché au tribunal de grande instance hors classe de Dakar et à la Cour d’appel de Dakar et a, comme principale mission, la lutte contre les infractions économiques et financières.
ODL/Sf/ac/APA