Le retrait de la présence militaire française, annoncée au Sénégal pour l’été, et reflétant une volonté de répondre aux aspirations de souveraineté des États concernés, intervient dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre Paris et plusieurs capitales africaines.
La France prévoit de fermer ses bases militaires permanentes au Sénégal ainsi que dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre d’ici l’été 2025, rapporte l’Agence de presse sénégalaise (APS), citant une source militaire française.
Selon cette source, des discussions sont en cours pour organiser ce retrait. « À l’été 2025, il n’y aura plus de base militaire française permanente au Sénégal », a-t-elle précisé, tout en ajoutant que Paris privilégiera une coopération avec les autorités sénégalaises selon leurs besoins, sans implantation permanente.
Cette décision s’inscrit dans un changement stratégique visant à répondre aux aspirations de souveraineté exprimées par plusieurs pays africains. « La présence militaire française est aujourd’hui perçue comme une atteinte à la souveraineté. Nous en sommes conscients », a reconnu la source, notant que ces bases alimentaient des sentiments négatifs envers la France.
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye avait déjà annoncé, le 31 janvier dernier, la fin de toute présence militaire étrangère sur le territoire sénégalais dès 2025, en prônant une nouvelle doctrine de coopération militaire.
L’accord militaire de 2012 entre la France et le Sénégal consulté à APA, prévoit des avantages mutuels. Les forces françaises disposent d’un accès gratuit à plusieurs infrastructures stratégiques, comme le camp de Ouakam et la base navale sénégalaise, ainsi que d’exonérations fiscales pour le matériel et les services nécessaires à leurs opérations. Elles bénéficient également de facilités de circulation et d’organisation d’exercices militaires.
En contrepartie, le Sénégal profite d’un soutien renforcé, notamment par l’accès prioritaire de ses militaires aux écoles françaises, l’assistance technique et la cession de matériel militaire. Les escales maritimes et aériennes sénégalaises en France sont également facilitées. L’accord peut être dénoncé par notification écrite avec un préavis de six mois, impliquant la restitution des installations sans compensation, sauf entente spécifique.
Un retrait global du dispositif français en Afrique
Ce retrait s’inscrit dans une réorganisation plus large des forces françaises en Afrique, amorcée à l’été 2023 avec les départs successifs du Mali, du Burkina Faso, du Niger et plus récemment du Tchad.
Au Tchad, les autorités ont dénoncé, le 28 novembre 2024, l’accord de coopération militaire signé avec Paris, jugeant qu’il était « obsolète » et « sans valeur ajoutée ». Début décembre, la France a entamé le rapatriement de sa flotte aérienne et le retrait progressif de ses bases, notamment à Faya-Largeau et Abéché. La base Adji Kossey de N’Djaména, la plus importante, sera rétrocédée d’ici au 31 janvier 2025, date butoir fixée par le gouvernement tchadien.
Le président Mahamat Idriss Déby Itno a qualifié cette décision de « tournant historique », tout en insistant sur la préservation des relations d’amitié entre les deux nations.
Tensions diplomatiques
Ce retrait militaire intervient dans un climat tendu marqué par des échanges vifs entre dirigeants africains et français. Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a récemment contesté les propos du président Emmanuel Macron, qui affirmait que le départ des bases françaises résultait de négociations préalables. Sonko a rejeté ces déclarations, affirmant que « la décision du Sénégal découle de sa seule volonté, en tant que pays libre et souverain ».
Le gouvernement tchadien a également exhorté la France et ses partenaires à respecter les aspirations des peuples africains à l’autonomie. « Au lieu de s’en prendre à l’Afrique, le Président Macron devrait concentrer ses efforts sur la résolution des problèmes qui préoccupent le peuple français », a conclu un communiqué des autorités tchadiennes.
AC/Sf/APA