Longuement auditionnée jeudi par le doyen des juges, la jeune femme a maintenu les accusations de viols et menaces de mort contre l’opposant Ousmane Sonko.
Adji Sarr est arrivée hier au tribunal de Dakar sous bonne escorte, accompagnée par son avocat, Me Elhadji Diouf et plusieurs de ses soutiens. Ces derniers brandissaient des pancartes réclamant « justice »pour la jeune femme qui, au même moment, récoltait les huées des partisans de celui qu’elle accuse de viol: Ousmane Sonko, principale figure de l’opposition au Sénégal.
« Je dis oui au procès », a-t-elle lancé à l’adresse des journalistes présents, avant de disparaître à l’intérieur du tribunal.
L’ex-employée de Sweet Beauté était confrontée à son ex-patronne Ndèye Khady Ndiaye, elle-aussi accompagnée de son mari et ses avocats. L’audition a été organisée dans le bureau du nouveau doyen des juges, Oumar Maham Diallo, qui a succédé à Samba Sall, décédé en avril 2021. Selon le quotidien L’Observateur, le face-à-face a été houleux par moments alors qu’Adji Sarr a « snobé » la propriétaire du salon de massage, où Ousmane Sonko affirmait venir pour soigner un mal de dos.
« Tu ne m’intéresses pas dans cette affaire, je n’ai pas porté plainte contre toi. C’est Ousmane Sonko que j’attends pour une confrontation », aurait dit la jeune fille, qui se dit avoir été victime de « viols répétés » de la part de l’actuel maire de Ziguinchor (sud).
Toutefois, Ndèye Khady Ndiaye a réitéré n’avoir jamais été informée de scènes de viols dans son salon. Interrogée sur ses connaissances en kinésithérapie, elle aurait répondu ne pas s’y connaître même si elle précise avoir le « don de soigner » des maux de dos par le massage.
A la suite de ces deux femmes, l’audition d’Ousmane Sonko ne devrait pas également tarder même si elle a été plusieurs fois annoncée par la presse. L’opposant arrivé troisième à la dernière présidentielle, sous contrôle judiciaire depuis un an dans cette affaire, a repris ses émargements dans le registre du juge d’instruction du tribunal de Dakar. Il avait décidé de boycotter un moment cette signature mensuelle obligatoire pour pousser la justice à vider cette affaire, expliquait-il.
Comme Adji Sarr, il se dit lui aussi prêt pour un procès même s’il souligne qu’aucun juge ne peut le condamner sur la base des accusations de la plaignante. Il continue de dénoncer un « complot » pour torpiller sa candidature à la magistrature suprême en 2024 alors que le camp du président Macky Sall réfute toute instrumentalisation de la justice.
Récemment, Ousmane Sonko a demandé à ses partisans de rester chez eux s’il est de nouveau convoqué par le juge pour ne pas revivre les mêmes événements de mars 2021. Son interpellation, alors qu’il répondait à une convocation du tribunal dans cette affaire, avait à cette époque déclenché de violents troubles, les pires vécus ces dernières années par le Sénégal, pays réputé pour être un rare îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest. Au moins treize personnes avaient alors trouvé la mort.
ODL/cgd/Los/APA