Réélu en juillet dernier à 99,18% des voix pour un quatrième mandat, le président rwandais Paul Kagame est critiqué pour la répression des voix dissidentes malgré un changement radical de son pays. À l’exemple de cette fermeture de lieux de culte qui suscite l’indignation chez les fidèles.
Au Rwanda, le gouvernement a fermé ces dernières semaines plus de 5000 lieux de culte, églises et mosquées confondues, pour non-conformité aux réglementations d’une loi adoptée en 2018. Selon les autorités, ces établissements ne respectent pas les critères d’hygiène, de sécurité et de qualification des prêcheurs – ces derniers devant, par exemple, posséder un diplôme universitaire en théologie, rapportent plusieurs médias.
Ces nouvelles dispositions ont pour objectif de contrôler la prolifération des lieux de culte, jugée excessive par le président Paul Kagame. A l’adoption de la loi déjà en 2018, plus de 700 établissements avaient été fermés, tandis que les autres avaient cinq ans pour se conformer aux nouvelles normes, rappelle le site d’informations RFI.
Cette situation suscite l’indignation de nombreux fidèles dans ce pays d’Afrique de l’est où le christianisme représente plus de 90% de la population, avec une présence significative de musulmans. « Nous ne pouvons pas être heureux si nous ne pouvons pas prier. C’est triste, mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour revenir dans la maison de Dieu et prier », déclare Jacqueline Mukabatsinda, interrogée par RFI dans le jardin d’une église pentecôtiste du quartier de Kinamba, à Kigali.
Malgré la fermeté des autorités dans l’application de la loi, certaines communautés tentent de s’adapter en rénovant leurs lieux de culte. C’est le cas de certaines mosquées, très fréquentées les vendredis. « La mosquée a fermé vendredi. C’était le matin, notre jour de prière et nous n’avons pas pu prier. Nous avons été forcés de partir à la fermeture. Mais grâce à Dieu, nous avons l’espoir de rouvrir, et nous rouvrirons après les travaux qu’on nous a ordonné de réaliser », explique Mustafa Musafiri, un fidèle musulman.
Réélu en juillet dernier à 99,18% des voix pour un quatrième mandat, Paul Kagame dirige le Rwanda depuis qu’il a renversé, en juillet 1994, le gouvernement extrémiste hutu responsable du génocide qui a causé, selon l’Organisation des Nations unies (ONU), plus de 800 000 morts, principalement parmi la minorité tutsie, dont il fait partie.
Depuis la fin de cette tragédie, Kagame continue de poser les bases du développement du pays, qui connaît une croissance solide de 7,2% en moyenne entre 2012 et 2022, avec des pas importants réalisés dans les infrastructures, l’éducation et la santé.
Toutefois, le président rwandais est critiqué à l’étranger pour la répression des voix dissidentes et son ingérence en République démocratique du Congo voisine dans le conflit contre les rebelles du M23. Ces accusations sont contestées par Kagame malgré les preuves fournies par un rapport d’experts onusien affirmant que plusieurs milliers de soldats rwandais combattent aux côtés des rebelles du M23.
ODL/ac/Sf/APA