Le Ghana, bien que riche en ressources naturelles telles que le cacao et le pétrole, traverse une période économique difficile. Face à l’inflation galopante, la dépréciation constante du cedi et une corruption enracinée, les Ghanéens ont placé leur espoir dans le retour de John Dramani Mahama, élu avec 56,6 % des voix contre 41,6 % pour son adversaire, le vice-président Dr Mahamadu Bawumia.
Après deux défaites consécutives en 2016 et 2020 face à Nana Akufo-Addo, Mahama a mené une campagne énergique, promettant de revitaliser l’économie et de répondre aux attentes des millions de Ghanéens. Dans son discours de victoire, il a affirmé : « Les meilleurs jours pour le Ghana sont devant nous », tout en reconnaissant l’ampleur des défis à relever.
Une économie sous pression
Le Ghana a vu sa croissance économique ralentir, passant de 3,8 % en 2022 à 2,9 % en 2023, selon la Banque africaine de développement. L’inflation a atteint 40,3 % en 2023, principalement en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires et de la dépréciation du cedi. Le Service statistique du Ghana a récemment signalé une inflation annuelle de 23 % en novembre, stimulée par une hausse de 40 % des prix des légumes, des tubercules et des plantains.
Par ailleurs, la restructuration des obligations gouvernementales en début d’année a plongé de nombreux retraités dans l’incertitude, exacerbant le mécontentement populaire.
Les priorités du nouveau président
Dans un contexte de méfiance envers la mauvaise gouvernance, Mahama a promis des réformes pour restaurer la confiance entre les citoyens et leurs dirigeants. Parmi ses projets phares figure un programme économique fonctionnant 24 heures sur 24, destiné à stimuler l’emploi dans des secteurs clés tels que l’agro-industrie, la banque et la construction.
Toutefois, des experts comme Rabah Arezki, dans une analyse pour l’Atlantic Council, estiment que le nouveau gouvernement devra agir rapidement pour restructurer la dette et mettre en œuvre des réformes institutionnelles. Arezki rappelle que l’endettement excessif du Ghana, alimenté par les anticipations de revenus pétroliers, a été un facteur clé des difficultés économiques actuelles.
Le chômage des jeunes et la crise du coût de la vie
Avec un taux de chômage des jeunes estimé à 32,8 %, selon un rapport de l’ONU, et un coût de la vie en forte hausse, les attentes sont immenses. Pendant sa campagne, Mahama a promis de répondre aux préoccupations des segments marginalisés de la population, notamment les jeunes et les travailleurs informels.
Les Ghanéens, fatigués des promesses non tenues, jugeront la réussite de ce mandat à l’aune des améliorations tangibles dans leur quotidien, notamment en termes de pouvoir d’achat et de stabilité économique. Pour Mahama, la lune de miel post-électorale sera courte, tant les défis sont urgents et nombreux.