L’Organisation des Nations Unies (ONU) a exprimé mercredi de vives inquiétudes face à la détérioration de la situation humanitaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
L’accès humanitaire reste « sévèrement limité » dans plusieurs régions du Sud-Kivu et du Nord-Kivu, à l’est de ce pays d’Afrique centrale. Après deux jours de combats intenses à Goma, une « accalmie précaire » a été observée, mais la situation reste tendue, a rapporté le site ONU Info, citant Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies.
Bien que des tirs sporadiques continuent, ce dernier a précisé qu’un « réduction générale des échanges de tirs dans la ville » avait été constatée. Les affrontements se poursuivent néanmoins dans les zones environnantes, notamment à Sake, au nord-ouest de Goma. La mission de paix de l’ONU, la MONUSCO, continue de protéger ses équipes et les civils réfugiés dans ses locaux, tout en planifiant des patrouilles pour évaluer la situation et réapprovisionner la ville.
L’aéroport de Goma reste fermé depuis le 26 janvier, et la plupart des accès à la ville, y compris la RN2, sont coupés. La frontière entre Goma et la ville rwandaise de Gisenyi est également inaccessible depuis le 28 janvier. L’ONU appelle à l’établissement de corridors humanitaires pour permettre les mouvements des populations cherchant refuge.
Au Sud-Kivu, les voies menant à Minova sont bloquées depuis le 18 janvier, isolant des zones cruciales pour l’acheminement de l’aide humanitaire. Des négociations sont en cours pour l’établissement d’un corridor permettant de faire parvenir l’assistance d’urgence.
Face à l’intensification des violences, les rebelles du M23 resserrent leur emprise sur Goma, exacerbant une crise qui dure depuis plusieurs années et a fait des milliers de morts et de déplacés. A Kinshasa, des manifestants ont attaqué plusieurs ambassades pour dénoncer l’inaction de la communauté internationale.
Mercredi, le ton est également monté entre les présidents sud-africain et rwandais autour de ce conflit. Cyril Ramaphosa a d’abord évoqué la mort de 13 soldats sud-africains dans l’est de la RDC, pointant du doigt « le groupe rebelle M23 et la milice des Forces de défense rwandaises (RDF) » comme responsables de cette escalade. Il a notamment qualifié les forces rwandaises de « milice », un terme qui a provoqué la colère de Kigali.
La réponse de Paul Kagame n’a pas tardé. Dans une série de messages publiés sur X (ex-Twitter), le dirigeant rwandais a dénoncé des « distorsions délibérées » et des « mensonges » dans les déclarations sud-africaines. « Les Forces de défense rwandaises sont une armée, pas une milice », a-t-il rectifié.
Dans ce contexte, l’ONU a annoncé la nomination du général Ulisses De Mesquita Gomes du Brésil comme nouveau commandant de la force de la MONUSCO, sa mission de stabilisation en RDC. Ce dernier a déclaré vouloir travailler avec les autres composantes de la mission pour « protéger les civils » et offrir un avenir meilleur au peuple congolais.
Les Casques bleus de la MONUSCO soutiennent notamment les forces armées de la RDC et les troupes régionales dans la lutte contre les rebelles du M23, notamment en fournissant un appui direct avec leur artillerie.
ODL/ac/Sf/APA