Au moins 156 personnes ont été tuées, des centaines blessées et au moins 109 femmes violées, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU.
Le ministère public guinéen a entamé mercredi ses réquisitions très attendues contre l’ex-dictateur Moussa Dadis Camara et dix autres anciens responsables lors du procès du massacre du 28 septembre 2009, une « journée fatidique » qui a suscité une vive émotion internationale.
Le procureur et les autres représentants du ministère public pourraient plaider plusieurs jours devant le tribunal avant d’annoncer les peines qu’ils réclament contre les accusés.
Le substitut du procureur Abdoulaye Babadi Camara a commencé ce moment crucial d’un procès ouvert en septembre 2022, en soulignant son caractère « historique ».
Il a rappelé les nombreux faits reprochés aux 11 accusés : assassinats, meurtres, actes de torture, coups et blessures volontaires, séquestrations, incendies volontaires et pillages.
Il a retracé l’histoire moderne de la Guinée pour affirmer que « qu’aucun Guinéen n’est supérieur à un autre dans ce pays », puis a énuméré les événements.
Des leaders de l’opposition et des milliers de sympathisants s’étaient réunis dans un stade de Conakry dans une atmosphère « bon enfant » de chants, de danses et de prières, a-t-il précisé.
« C’est à ce moment-là que la garde présidentielle, les gendarmes, les policiers et les miliciens en civil ont fait irruption en tirant dans tous les sens », a-t-il ajouté avec émotion, ajoutant que « dans le même stade, des femmes ont été violées, d’autres ont subi des bastonnades sévères (…), et des personnes ont été dépossédées de leurs biens ».
« La promptitude de la Croix-Rouge a permis de sauver certains citoyens », a-t-il ajouté.
Les exactions, marquées par une brutalité effrénée, se sont propagées autour du stade et ont continué les jours suivants.
Au moins 156 personnes ont été tuées par balle, couteau, machette ou baïonnette, des centaines blessées et au moins 109 femmes violées, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU.
Les chiffres réels sont probablement plus élevés.
C’est l’une des pages les plus sombres de l’histoire moderne de la Guinée. Le représentant du ministère public a qualifié cette journée de « fatidique » et a évoqué « une indignation nationale et internationale ».
Le ministère public et les parties civiles ont demandé que les faits soient requalifiés en crimes contre l’humanité. Les accusés se sont mutuellement rejeté la responsabilité des crimes.
Avec AFP