À l’approche des élections générales du 29 mai, l’Afrique du Sud se trouve à la croisée des chemins : les dynamiques régionales, l’émergence de nouveaux partis politiques et les réalités socio-économiques sont susceptibles d’influencer les résultats de manière inédite.
Les diverses provinces d’Afrique du Sud présentent chacune un paysage électoral unique. Chacune des trois principales provinces – KwaZulu-Natal (KZN), Cap-Occidental et Gauteng – a des problèmes locaux et des dynamiques régionales qui jouent un rôle important dans la détermination des préférences des électeurs.
Le KZN a été jusqu’à présent un bastion du Congrès national africain (ANC) et du Parti de la liberté Inkatha (IFP), mais l’entrée du parti uMkhonto weSizwe (MK), dirigé par Jacob Zuma, menace cette hégémonie.
Si le MK obtient une part significative des voix, il pourrait affaiblir l’emprise de l’ANC sur cette province.
L’attrait personnel de Zuma reste fort dans le KZN et sa rupture avec l’ANC pour former le MK a trouvé un écho auprès de certains électeurs qui partagent ses griefs concernant la manière dont il a été démis de ses fonctions et la direction générale du pays.
Les électeurs qui se sentent déçus par l’ANC ou l’IFP sont susceptibles de trouver une alternative dans le MK, ce qui conduit à un environnement électoral plus compétitif.
Les messages du parti s’appuient sur les sentiments liés à la fierté culturelle et à l’autonomisation locale, ce qui pourrait influencer les électeurs.
Les analystes estiment que la diversité de la population du KZN, y compris les communautés dominantes de langue zouloue, devrait jouer un rôle crucial. La capacité des candidats à établir un lien avec les identités culturelles et ethniques sera déterminante.
La situation de l’ANC n’a pas été facilitée par ses divisions internes et les scandales de corruption au KZN et dans d’autres parties du pays. Ces difficultés ont ouvert la voie au MK et à d’autres partis.
Dans la province du Cap-Occidental, l’Alliance démocratique (DA), principal parti d’opposition, devrait continuer à s’imposer, l’accent qu’elle met sur la gouvernance, la prestation de services et l’opposition aux politiques de l’ANC trouvant un écho auprès des électeurs de la province.
L’ANC est confronté à une bataille difficile dans la province du Cap-Occidental pour des raisons historiques et des désaccords politiques. Toutefois, le parti au pouvoir espère gagner du terrain dans la province en mettant l’accent sur la justice sociale et l’inclusion.
Les petits partis d’opposition, comme le Good Party, contestent également la domination de la DA dans la province du Cap-Occidental, leur position anti-corruption et leur appel aux communautés marginalisées devant perturber le statu quo.
Dans la province de Gauteng, cœur économique de l’Afrique du Sud et siège de Johannesburg et de Pretoria, les questions économiques, la création d’emplois et le développement des infrastructures sont au cœur des préoccupations.
L’Afrique du Sud étant confrontée à un taux de chômage élevé, à des pénuries d’énergie et à des inégalités criantes, les expériences et les frustrations des électeurs pourraient faire basculer le vote dans la province de Gauteng et dans d’autres régions du pays.
Les zones urbaines de Gauteng penchent pour la DA et l’EFF, tandis que les régions rurales soutiennent souvent l’ANC. Il sera essentiel pour tous les partis de combler ce fossé.
Le Gauteng compte également une importante population de jeunes et les partis politiques qui s’attaquent au chômage des jeunes, à l’éducation et au logement devraient gagner en popularité.
Aucun parti n’étant susceptible d’obtenir une majorité absolue dans la province, les négociations de coalition entre les partis devraient déterminer le gouvernement provincial.
Ces trois provinces sont représentatives de la diversité démographique, de l’héritage historique et des priorités politiques de l’Afrique du Sud.
L’interaction entre les stratégies des partis, les sentiments des électeurs et les nuances régionales devrait façonner le résultat des élections dans chaque province et, en fin de compte, avoir un impact sur la situation nationale.
Le résultat du scrutin du 29 mai en dira long sur l’évolution de l’identité et des aspirations de la démocratie sud-africaine.
JN/lb/ac/APA