Abdoulaye Wade, l’ancien chef de l’Etat du Sénégal (2000-2012), a finalement enterré son projet de sabotage de l’élection présidentielle de dimanche, non sans demander à tous ses militants et sympathisants de ne pas participer à «ce simulacre d’élection».
« L’élection du 24 février 2019 est assurément une mascarade électorale. Elle est planifiée de longue date par Macky Sall qui, pour obtenir sa réélection, a modifié la Constitution, la loi électorale, condamné, emprisonné et exilé des leaders politiques (Khalifa Sall et Karim Wade) qui pouvaient valablement lui faire face et le battre dans une élection digne de ce nom », a soutenu le fondateur du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition) dans une déclaration rendue publique jeudi soir.
Partant de là, l’ancien président de la République a fait savoir qu’il ne voterait pas et comme on pouvait s’y attendre, il n’a pas donné de consigne de vote à ses inconditionnels. « Je demande aux militantes et militants de notre parti, aux sympathisants, de ne pas participer à ce simulacre d’élection. Je peux comprendre tous ceux qui, parmi nous, pensent qu’ils pourront défaire Macky Sall en soutenant un des candidats de l’opposition (Idrissa Seck, Ousmane Sonko ou Issa Sall), même si ce n’est pas la position du parti », a-t-il dit.
En outre, Abdoulaye Wade explique sa décision de ne plus s’opposer à tout prix à la tenue de la présidentielle par la concession qu’il a faite « à la suite de la demande pressante de chefs religieux et de chefs d’états voisins ».
Malgré tout, le Secrétaire général national du PDS demeure persuadé que « le parrainage introduit dans le processus électoral par Macky Sall est une opération machiavélique pour choisir les candidats qu’il pourrait accepter dans une élection déjà gagnée ».
De l’avis d’Abdoulaye Wade, « aujourd’hui, personne ne doute qu’un scrutin organisé par le gouvernement de Macky Sall, qui s’est évertué à en exclure 22 des 27 candidats sélectionnés, manque totalement de sérieux tant les manquements et violations des droits et libertés sont manifestes ».
Toutefois, il a estimé qu’il est encore possible « d’entreprendre de larges consultations pour réinstaurer la nécessaire confiance préalable à l’organisation d’une élection ouverte, juste, transparente et incontestable susceptible de permettre aux citoyens d’exprimer librement leurs choix ».
De retour au Sénégal, le 7 février dernier, Abdoulaye Wade avait d’emblée fait savoir qu’il userait de tous les moyens pour que la présidentielle ne se tienne à bonne date, allant même jusqu’à inciter ses militants à s’emparer des procès-verbaux dans les bureaux de vote pour ensuite les brûler.
Pour rassembler l’opposition autour de sa cause, le natif de Saint-Louis (nord) a notamment rencontré Ousmane Sonko, le leader des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef, opposition) mais les deux hommes politiques n’ont pas accordé leurs violons pour un projet commun.
Esseulé dans son combat, Abdoulaye Wade s’est rendu le 16 février dernier en Guinée pour s’entretenir avec le président Alpha Condé et François Hollande, l’ex chef de l’Etat français. Dans le cadre de la traque des biens mal acquis engagée par Macky Sall dès son accession à la magistrature suprême, Karim, le fils unique d’Abdoulaye Wade a été condamné, puis emprisonné à Rebeuss.
L’Etat du Sénégal lui réclame 138 milliards F CFA. A sa libération le 24 juin 2016, à la faveur d’une grâce présidentielle, il part immédiatement au Qatar où il réside depuis. Mais malgré les démêlés avec la justice de l’ancien ministre, le PDS en a fait son candidat pour la présidentielle du 24 février 2019.
Si l’obstacle des parrainages a été franchi avec succès, Karim Wade n’est toutefois pas passé entre les mailles du filet du Conseil constitutionnel qui l’a recalé.
ID/cat/APA