Ayant grandi sous l’aile politique de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, Déthié Fall titille aujourd’hui les sommets et souhaite devenir le cinquième président de la République du Sénégal.
Originaire de Saint-Louis (nord), Déthié Fall, 48 ans, est l’un des 19 candidats à l’élection présidentielle du 24 mars prochain. Biberonné au parti Rewmi d’Idrissa Seck, également candidat à ce scrutin, l’ingénieur polytechnicien inaugure sa vingtième année de présence sur l’espace politique sénégalais par une offre programmatique qui devrait sonner l’avènement d’un « Sénégal bon à vivre et beau à voir ».
Foncièrement ancré dans l’opposition malgré le rapprochement un moment de son mentor avec le régime de Macky Sall en 2019, M. Fall a décidé de prendre ses responsabilités après avoir « fait le tour du Sénégal et de la diaspora plusieurs fois ». A la suite de consultations citoyennes, il arrive au « constat amer » que les Sénégalais vivent « un stress social sans précédent et sont très sceptiques sur l’éventualité de perspectives radieuses ».
Toutefois, le président du Parti républicain pour le progrès (PRP), la formation qu’il a fondée après sa rupture avec Idrissa Seck, indique dans le premier objectif stratégique de son projet politique, qu’il identifie comme « un Sénégal bon à vivre », qu’un avenir meilleur est bien possible 63 ans après l’indépendance de son pays.
Il propose à ses compatriotes de tenter son expérience parce qu’il connaît les leviers pour « transformer le Sénégal en un pays totalement souverain, à démocratie parachevée et à émergence économique portée par une industrialisation soutenue essentiellement par le secteur privé national ».
Restaurer la confiance
Le premier axe stratégique du programme se fonde sur trois piliers. Sous son magistère, l’Etat de droit permettra de « restaurer la confiance en nos Institutions ». L’économie sera utilisée pour une « meilleure répartition des richesses dans une économie plus inclusive » alors que le gouvernement s’attellera en permanence à « satisfaire la demande sociale ».
Donnant sa parole de soldat, cet officier de réserve formé à l’École nationale des officiers d’active (ENOA) de Thiès, située à 70 kilomètres de Dakar, entend apporter, s’il est élu président de la République, « des corrections consolidantes » des acquis démocratiques du Sénégal au niveau de ses institutions et organes de contrôle de la bonne gouvernance. Avec Déthié Fall, le principe des trois pouvoirs Exécutif, Législatif et Judiciaire indépendants et se contrôlant mutuellement « va demeurer le fondement de la République ».
« Cependant, je compte supprimer toutes les tares congénitales constitutionnelles qui pourraient permettre à un pouvoir de disposer d’une ascendance légale sur un autre, au détriment de l’État de droit et de la Démocratie. L’objectif est d’ériger des barrières constitutionnelles pour empêcher tout abus de pouvoir de personnes incarnant une Institution », promet le coordonnateur de la coalition Yewwi Askan Wi (libérer le peuple) aux élections législatives de 2022 lors desquelles il a montré ses qualités de stratège politique. Il avait réussi en effet à monter une intercoalition, surnommée « Plan Déthié Fall (PDF) », avec des candidats proches du Parti démocratique sénégalais (PDS), permettant à l’opposition de rafler presque la moitié des 165 sièges du parlement.
Réformes institutionnelles
Au niveau institutionnel, l’ancien vice-président de Rewmi compte apporter des progrès pour, entre autres, empêcher le Président de la République d’être chef de parti ou de coalition de partis. Ces réformes le conduiront également à prévoir des recours constitutionnels de destitution du président de la République, limiter constitutionnellement la taille du gouvernement à trente ministres au maximum et proposer une loi pour avoir au moins 25% de jeunes âgés de moins de 35 ans dans les listes devant aller en compétition aux élections législatives et locales.
Pour lutter contre la mal gouvernance et la corruption, Déthié Fall compte proposer une loi de criminalisation de la corruption dans les affaires publiques. En tant que chef de l’Etat, il mettra ainsi en place un parquet financier avec un procureur nommé pour cinq ans sans possibilité de radiation et donnera la possibilité aux corps de contrôle de saisir directement le parquet financier pour donner suite à des malversations constatées lors de leurs audits.
Dans le deuxième pilier du premier objectif stratégique de son programme, qui s’appuiera sur « la transformation structurelle de l’économie pour plus d’inclusivité », M. Fall indique que cette transformation économique va être « portée grandement par l’agriculture et une industrialisation à fort capital national ». Cette orientation « devra se traduire par une croissance économique plus inclusive menant vers une émergence en dix ans et par conséquent la concrétisation de ma vision de faire du Sénégal un pays bon à vivre et beau à voir », souligne-t-il, promettant de procéder à une grande campagne d’optimisation des charges publiques.
L’agriculture comme moteur du développement
Pour réaliser son ambition de faire de l’agriculture « une des racines principales de notre développement économique », le président du PRP dirigera ses réponses à l’accès aux terres. Il promet d’œuvrer aussi pour une disponibilité d’eau et d’énergie permanente, une modernisation technologique, une formation et un accompagnement des intervenants dans le domaine, pour des infrastructures, pour le désenclavement des zones de production, pour une protection contre la concurrence internationale etc.
Pour permettre au secteur de l’énergie électrique d’atteindre ses objectifs stratégiques consistant à accompagner le développement industriel, agricole et à l’accès universel à l’électricité et l’augmentation de la demande, conséquence d’un Sénégal bon à vivre, Déthié Fall compte libéraliser le secteur par une ouverture maîtrisée aux investisseurs privés prioritairement nationaux, apporter les réformes structurelles à la Senelec, la société nationale d’électricité, afin de lui permettre de disposer de solides bases pour faire face à la concurrence conséquence de la libéralisation et accélérer le programme d’accès universel à l’électrification pour le finaliser 2025 etc.
A l’approche de l’exploitation du pétrole et du gaz sénégalais, il rappelle « la responsabilité historique de les exploiter de matière patriotique et rationnelle afin qu’ils servent à notre développement économique sans compromettre la part qui revient aux générations futures ».
Dans domaine de la santé, le programme qu’il propose permettra d’apporter des réponses à la disponibilité d’infrastructures et de matériel sanitaire équitablement répartis à l’intérieur du pays, à un personnel médical suffisant et bien formé, à l’existence des services de base au niveau de toutes les infrastructures sanitaires et à la prise en charge des urgences dans tout le territoire national. Dans cet ordre, il entend inscrire dans les programmes scolaires des cours de secourisme à partir du secondaire, ériger le SAMU national en Établissement sanitaire de niveau 4 et développer l’assurance maladie comme modalité de prise en charge totale des soins de base (poste, centre de santé, EPS) et les soins en urgence.
Cadre de vie adéquat
Le deuxième objectif stratégique du programme est consacré à l’aménagement du territoire, l’habitat et le cadre de vie. Sur l’aménagement du territoire, la vision de Déthié Fall est de créer un cadre de vie agréable pour les populations, assurer une équité territoriale sur la répartition des ressources nationales, des activités et des hommes et interconnecter l’ensemble de la nation sénégalaise afin de créer un développement durable sur tout le territoire.
Par rapport à l’habitat et au cadre de vie, son ambition est de faciliter aux Sénégalais un accès à une habitation digne, à coût accessible et à un cadre de vie propice à l’épanouissement des cœurs, des corps et des esprits. « L’objectif des axes programmatiques qui seront mis en œuvre est de faciliter aux sénégalais l’accès à un logement digne et de mettre un cadre de vie adéquat et faire baisser les prix de location. Les charges locatives devront représenter au maximum 8% des dépenses des ménages au niveau national et 10% à Dakar », promet M. Fall.
ODL/ac/APA