La junte nigérienne demande à la mission conjointe de reporter sa venue à Niamey.
Les nouvelles autorités nigériennes ont refusé de recevoir une mission conjointe de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), de l’Union africaine (UA) et de l’Organisation des Nations unies (ONU) qui devait arriver ce mardi 8 août à Niamey.
Dans une note adressée par le ministère nigérien des Affaires étrangères à la représentante résidente de la Cédéao, Niamey a expliqué que « le contexte actuel de colère et de révolte des populations suite aux sanctions de la Cédéao ne permet pas d’accueillir ladite délégation dans la sérénité et la sécurité requise ».
Réunis dimanche 30 juillet, les dirigeants ouest-africains ont infligé des sanctions économiques et financières au Niger suite au coup d’Etat du 26 juillet d’un groupe d’officiers réunis autour du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) contre le président Mohamed Bazoum.
Niamey a rappelé que « suite à ces sanctions de la Cédéao, les frontières terrestres et aériennes du Niger sont fermées ». Par conséquent, l’organisation d’une mission par vol spécial affrété par les Nations unies « requiert un examen particulier des autorités nigériennes incluant une exemption spéciale qui n’est invoquée dans cette note de la représentante résidente de la Cédéao », a ajouté le ministère des Affaires étrangères qui demande pour un « report ».
La Diplomatie nigérienne recommande aussi de surseoir à « certains aspects du programme » de la mission, « dont les rencontres avec certaines personnalités qui ne peuvent avoir lieu pour des raisons évidentes de sécurité ».
Lundi 7 août, Victoria Nuland, sous-secrétaire d’Etat pour les Affaires africaines a rencontré des membres de la junte nigérienne pour trouver une sortie de crise, sans y parvenir pour le moment.
L’arrivée à Niamey de la diplomate américaine qui n’a pu rencontrer le chef de la junte selon certaines informations, intervient au lendemain de l’expiration de l’ultimatum de la Cédéao à la junte. L’institution régionale avait menacé de requérir, au besoin, à la force pour obtenir la libération et le rétablissement de l’ordre constitutionnel.
Les chefs d’État-major de la Cédéao se sont réunis à Abuja du mercredi 1er au vendredi 3 août pour définir le plan d’une intervention militaire qui n’est cependant pas la première option de l’organisation communautaire.
Le président en exercice de la Cédéao, le chef de l’État nigérian, Bola Ahmad Tinubu a convoqué ses pairs pour un nouveau sommet jeudi 10 août sur la situation politique au Niger.
Pendant ce temps, les militaires mettent en place, petit à petit, un appareil étatique. Dans la soirée du lundi 7 août, le président du CNSP, le général Abdourahamane Tchiani a nommé au poste de premier ministre, l’économiste Ali Mahaman Lamine Zeine. Ministre de l’Economie et des Finances de 2003 à 2010, sous Mamadou Tandja, Lamine Zeine était jusqu’à sa nomination représentant de la Banque africaine de développement (BAD) au Tchad.
AC/APA