En Ouganda, la mise en place d’unités de traitement pour les personnes atteintes du virus Ebola aide à contrôler la propagation de la maladie.
M. et Mme Kintu font partie des quelques membres du personnel médical qui ont contracté la maladie à virus Ebola dans l’exercice de leurs fonctions en 2022.
Heureusement, les soins médicaux rapides et agressifs qu’ils ont reçus lors de leur admission dans l’unité de traitement d’Ebola (ETU), associés au soutien mutuel, leur ont sauvé la vie.
A la fin de l’année 2022, un patient s’est rendu à la clinique du couple pour des douleurs corporelles et des maux de tête. Après plusieurs tests de laboratoire, il s’est vu prescrire des médicaments contre le paludisme et a été renvoyé chez lui. Il est revenu le lendemain dans un état encore plus grave. Le troisième jour, il a saigné du nez, ce qui a incité le couple d’agents de santé à l’envoyer à l’hôpital national de référence de Mulago. Malheureusement, ils ont appris plus tard qu’il avait succombé à la maladie à virus Ebola.
Bien que travaillant dans le secteur de la santé, le couple était effrayé. Ils savaient qu’ils avaient été exposés au virus Ebola. Les autorités sanitaires ont ensuite fermé leur clinique, le couple s’était alors mis lui-même en quarantaine à son domicile.
Au cours des premiers jours de la période de recherche des contacts, le couple a développé des signes de la maladie. Ils ont tous deux été testés positifs. Ils ont alors été évacués vers l’unité de traitement du virus Ebola (ETU), laissant leurs enfants à un membre de leur famille.
« C’était un peu difficile à expliquer aux enfants. Nous leur avons seulement dit que nous étions partis quelque part », raconte Mme Kintu.
A l’ETU, la situation de Mme Kintu s’est rapidement détériorée. Son mari allait la voir, l’encourageait à manger et l’emmenait parfois dans la nature pour qu’elle prenne l’air. « Je lui disais qu’elle allait s’en sortir », explique M. Kintu.
Soudain, il a cessé de la voir et son état se serait aggravé. « Je l’ai cherché et je suis même passé devant lui, mais je ne l’ai pas reconnu. Au cours de ces 2 ou 3 jours, il était devenu une personne différente », raconte Mme Kintu.
« Les patients atteints de la maladie à virus Ebola peuvent avoir une présentation clinique complètement différente d’une autre », explique le Dr Senyonga Muzafalu, responsable de la gestion des cas à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Ouganda. « Alors qu’elle présentait des symptômes tels que de violents maux de tête et une forte fièvre, son mari a commencé par présenter des symptômes bénins tels que de légères douleurs corporelles, de légers maux de tête et une légère fièvre qui ont évolué vers des symptômes très graves et qui ont duré longtemps », ajoute-t-il.
Plus tard, le test de Mme Kintu s’est révélé négatif et elle a pu sortir de l’hôpital, mais elle n’a pas accepté de partir seule. « J’ai dit au personnel soignant que nous étions entrés ensemble à l’ETU et que nous en sortirions ensemble », explique fièrement Mme Kintu. Elle est restée à ses côtés sur sa natte, lui donnant à manger et à boire.
Pour faire face aux problèmes rencontrés par les personnes se remettant d’Ebola, l’Ouganda a mis en place le programme des survivants d’Ebola en 2023. Ce programme a été mis en œuvre par le ministère de la Santé avec le soutien de l’OMS et d’autres partenaires.
L’OMS, grâce au financement du Service d’aide humanitaire de l’Union européenne (ECHO), a soutenu ce programme depuis son lancement. L’organisation a fourni un soutien clinique et du personnel de santé publique intérimaire pour gérer les cliniques, ainsi qu’une gamme de médicaments pour gérer les séquelles d’Ebola. Elle a également soutenu les évaluations et le mentorat en matière de prévention et de contrôle des infections, et facilité l’intervention de spécialistes dans les cliniques pour les survivants.
Après sa sortie de l’ETU, le couple s’est inscrit au programme des survivants d’Ebola. Grâce à la sensibilisation dispensée dans le cadre de ce programme, les bénéficiaires ont amélioré leurs connaissances sur la maladie. « J’aimerais que ce programme se poursuive même après Ebola. Certaines personnes ont été guéries du Covid-19 mais en subissent encore les effets. Un programme comme celui-ci les aurait aidées », explique Mme Kintu.
Le fait que les deux parents aient cessé de travailler a été difficile pour la famille Kintu. Ils avaient des personnes à charge, dont des enfants scolarisés. C’est sur ce point que Mme Kintu émet sa seule critique à l’égard du programme destiné aux survivants d’Ebola. Alors que d’autres survivants ont reçu des vivres et de l’argent lors de leur réintégration, elle n’en a pas bénéficié. « Ce colis aurait été d’une grande aide », dit-elle.
D’un autre côté, le couple souligne que l’accès aux professionnels de la santé, les conseils, les contrôles fréquents et le suivi de la persistance virale leur ont été bénéfiques.
« La protection du personnel de santé est une priorité absolue pour le gouvernement ougandais. Ils doivent rester vigilants et toujours disposer d’équipements de protection, qu’il y ait ou non une épidémie », explique le Dr Kyobe Bbosa, responsable de la gestion des incidents au ministère de la Santé.
En résistant à la maladie et en reprenant leur vie, M. et Mme Kintu sont heureux de se retrouver.
Fss/ac/Sf/APA avec APO Group