Entre début janvier et le 20 avril 2023, 1 283 enfants malnutris ont été admis pour des soins hospitaliers intensifs au centre d’alimentation de MSF de Maiduguri, soit environ 120 % de plus qu’au cours de la même période l’année dernière.
A Maiduguri, capitale de l’État de Borno, au Nigéria, MSF met en garde contre une catastrophe imminente si des mesures immédiates ne sont pas prises. Selon l’ONG française, depuis le début de l’année 2023, le nombre d’admissions d’enfants malnutris est le plus élevé jamais enregistré par ses équipes dans cet État du nord-est du Nigéria, pour les semaines précédant la période de soudure annuelle.
« L’augmentation massive du nombre d’enfants malnutris exige que les activités de prévention et de traitement de la malnutrition soient immédiatement renforcées afin d’éviter une situation catastrophique lorsque la période de soudure arrivera », explique Htet Aung Kyi, coordinateur médical de MSF.
En janvier de cette année, environ 75 enfants ont été admis chaque semaine pour malnutrition sévère dans ce centre géré par MSF, soit trois fois plus que la moyenne des cinq dernières années pour la même période. Début avril, le chiffre est passé à près de 150 par semaine, soit deux fois plus qu’il y a un an.
« C’est du jamais vu depuis que nous avons commencé à mener des activités de lutte contre la malnutrition en 2017 », témoigne Htet Aung Kyi, coordinateur médical de MSF au Nigéria, citée par le communiqué parvenu vendredi à APA.
« Le nombre d’admissions hebdomadaires pour malnutrition sévère et modérée est deux à trois fois plus élevé que la moyenne enregistrée au cours des cinq dernières années. Et la tendance est à la hausse. L’année dernière a été terrible, mais cette année pourrait être pire si cette tendance se poursuit », alerte M. Kyi.
Une action immédiate s’impose
La malnutrition n’est pas un phénomène nouveau à Maiduguri, où des années de conflit et d’insécurité ont conduit à une situation humanitaire critique, souligne MSF. Ce dernier précise que de nombreuses personnes ont été déplacées et vivent désormais dans des conditions précaires dans des sites informels, au sein de communautés d’accueil ou en transit dans des camps de détention.
« Le nombre de patients traités par MSF pour malnutrition sévère a explosé en 2022, avec plus de 8 000 enfants hospitalisés pour des soins nutritionnels intensifs. À cette époque, un enfant sur sept provenait du camp de détention de Hajj, mis sur pied par les autorités pour les anciens membres des groupes d’opposition armés, leurs familles et ceux qui vivaient sous leur contrôle. Nombre d’entre eux sont arrivés dans ce camp de transit dans un état de santé précaire qui s’est aggravé en raison des conditions de vie difficiles sur place », affirme MSF.
A en croire l’ONG française, la fin de l’année 2021 a vu la fermeture des camps officiels de personnes déplacées et la réduction de l’aide humanitaire et alimentaire. Pour la plupart des gens, les conditions de vie sont extrêmement difficiles, tandis que certains sont soumis à des restrictions de mouvement, ce qui les empêche de gagner leur vie ou de cultiver leurs terres. La vulnérabilité des populations s’est accrue.
Plus récemment, poursuit-elle, la vulnérabilité des populations s’est aggravée du fait de la pénurie d’argent liquide qui a suivi le changement de la monnaie nigériane fin 2022, et à la destruction récente de certains marchés à Maiduguri.
Les équipes de MSF soutiennent dispenser des traitements hospitaliers et ambulatoires aux enfants souffrant de malnutrition et fournissent une alimentation ciblée aux enfants souffrant de malnutrition modérée afin d’éviter que leur état ne se détériore. Les équipes mobiles de MSF gèrent également des cliniques offrant des soins de santé de base aux personnes vivant dans le camp de Hajj et dans les sites informels de Muna et Maisandari.
« L’aide alimentaire seule ne suffira pas »
Face à l’urgence, exhorte MSF, les autorités et les organisations humanitaires doivent immédiatement intensifier les activités liées à la malnutrition et augmenter le nombre de lits dans les centres de nutrition thérapeutique intensive, mais elles doivent également améliorer les conditions de vie dans les camps de transit et élargir l’accès des personnes aux soins de santé.
Ces mesures doivent s’accompagner d’une augmentation rapide du financement des donateurs et une forte coordination de ces fonds afin de s’assurer que les denrées alimentaires parviennent à ceux qui en ont le plus besoin. À ce stade, seuls 16 % des fonds demandés par le groupe nutrition ont été obtenus. Cette situation est également alarmante.
Outre cette urgence nutritionnelle à Maiduguri, les équipes MSF disent répondre également à des crises sanitaires et de malnutrition de grande ampleur ailleurs dans le nord-ouest du Nigeria, travaillant dans 32 centres d’alimentation thérapeutique ambulatoires et 10 centres d’alimentation thérapeutique hospitaliers dans les États de Kano, Katsina, Kebbi, Sokoto et Zamfara. L’année dernière, MSF affirme avoir traité 147 860 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère dans le nord-ouest du Nigeria.
ARD/ac/APA