Les Nigérians mécontents de la dégradation de leur niveau de vie sont descendus dans les rues des grandes villes, malgré l’avertissement du gouvernement d’une possible opération contre les manifestations subversives.
Alors que les réseaux sociaux, les organisateurs ont planifié les manifestations #EndBadGovernance depuis des semaines, des centaines de personnes se sont rendues à Lagos, où l’on pouvait voir des femmes portant des pots vides, symbole de la difficulté de nourrir les familles dans un contexte de flambée des prix des produits de base.
Des sources locales font état de manifestations à Ibadan, dans l’État d’Oyo (sud-ouest), alors que celles prévues à Kogi (centre) ne semblaient pas assez importantes. Pour le gouvernement de Bola Tinubu, les enjeux sont élevés en termes de sécurité et de stabilité du pays, surtout après la découverte d’un engin explosif improvisé à Ikeja, Lagos, mercredi.
L’inspecteur général de la police, Kayode Egbetokun, a déclaré que l’engin avait été désamorcé par l’Unité de neutralisation des explosifs et munitions (EOD) et l’Unité chimique, biologique, radiologique et nucléaire (CBRN) des forces de police nigérianes.
La police qui n’a pas révélé l’origine de l’engin, est présente en force dans la plus grande ville du Nigeria et d’autres régions du pays pour contenir les manifestations et empêcher leur extension.
La police a reçu pour instruction de faire tout ce qui est en son pouvoir pour appréhender les personnes responsables de la pose de l’engin explosif à Lagos, mais aussi pour surveiller les activités de Boko Haram.
La découverte a eu lieu quelques heures après que le gouvernement a averti qu’il ne tolérerait pas les manifestations appelées « jours de rage » dans tout le pays pour protester contre « l’aggravation du coût de la vie », alors que les prix des produits de base dépassent les moyens financiers de millions de Nigérians.
Le gouvernement estime qu’autoriser les manifestations à se dérouler sans opposition reviendrait à donner carte blanche aux saboteurs pour qu’ils détournent l’action des masses et sèment le trouble et la terreur dans le pays. Jeudi matin, les manifestants ont commencé à converger vers Eagles Square à Abuja et Alausa Park, Freedom Park et Peace Park à Lagos, où la police a été déployée pour les surveiller de près.
Des risques d’attaques terroristes
Selon des témoins, la police a tiré des gaz lacrymogènes sur les manifestants à Abuja. Dans l’État de Kano, des jeunes en colère ont partiellement saccagé les magasins Sadaraki, situés dans un bâtiment de deux étages, avant d’être dispersés par une unité antiémeute.
Le gouvernement craint que le groupe militant ne profite de la fluidité de la situation pour mettre en danger la sécurité et la stabilité publiques. Cette crainte est partagée par la mission diplomatique américaine au Nigeria, qui a publié un communiqué demandant à ses employés non essentiels de rester chez eux pendant deux jours, tout en mettant en garde contre d’éventuelles attaques terroristes visant les cortèges de manifestants.
« Il existe un risque d’attaques terroristes au Nigeria et des groupes terroristes pourraient profiter des opportunités créées par les manifestations nationales potentielles pour mener des attaques », indique le communiqué publié mercredi soir. Elle conseille à ses employés d’« éviter les zones de protestation, d’éviter les foules, de faire preuve de prudence s’ils se trouvent à l’improviste à proximité de grands rassemblements ou de manifestations, de suivre les médias locaux pour obtenir des mises à jour et d’être attentifs à leur environnement ».
Selon un communiqué de l’ambassade des États-Unis, sur la base de ce qui s’est passé lors d’actions de protestation antérieures au Nigeria, l’action de masse pourrait impliquer des barrages routiers, des points de contrôle, des embouteillages et des confrontations physiques.
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