Le chef de l’Etat nigérien a officiellement reçu lundi 10 mars 2025 les conclusions des Assises nationales de la refondation. Parmi les recommandations majeures figurent une transition de cinq ans, la dissolution des partis politiques et l’élévation du général Tiani au grade de général d’armée.
Le général Abdourahamane Tiani, président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), a reçu lundi dernier le rapport final des Assises nationales de la refondation du Niger, organisées du 19 au 20 février 2025 à Niamey. Cette cérémonie solennelle marque une nouvelle étape dans le processus de transition politique engagé depuis le coup d’État de juillet 2023.
« C’est une étape d’une marche qui a commencé en 2023 à Agadez avec le lancement officiel au niveau régional des travaux de l’Assise ou des Assises qui se sont déroulées du 19 au 20 du mois de février 2025 », a déclaré le général Tiani lors de son allocution.
Le chef de l’État nigérien a tenu à rappeler que ces consultations, qui se sont tenues au centre de conférence Mahatma Gandhi et au palais des congrès, ont été ouvertes à tous les citoyens. « Lors de mon allocution, j’avais dit que ceux qui n’ont pas eu encore la possibilité de participer peuvent le faire dans les trois semaines à venir. Je crois que ce délai était suffisant et certainement a été suffisant pour que ceux qui n’ont pas pu participer au débat puissent apporter leur contribution », a-t-il souligné.
Une transition de cinq ans et la dissolution des partis politiques
Le général Mohamed Toumba, ministre de l’Intérieur et de l’Administration du territoire, a présenté les principales recommandations issues des Assises. « À l’analyse du résumé du rapport final, il ressort entre autres la formulation de plusieurs recommandations par les participants aux assises nationales, issus du diagnostic du contexte socio-économique, culturel et politique de notre pays », a-t-il indiqué.
Parmi les résolutions majeures figure « la durée de la transition de cinq ans modulables », ainsi que « l’élévation de votre excellence au grade de général d’armée, en reconnaissance au rôle historique que vous avez joué dans le processus de la refondation de notre pays », a précisé le ministre Toumba.
Plus radical encore, le rapport recommande « la dissolution des partis politiques et l’adoption d’une nouvelle charte des partis politiques qui prennent en compte les réalités socio-culturelles » du pays.
Une « charte de la refondation » a également été proposée, qui « servira une fois adoptée, de loi fondamentale à valeur constitutionnelle de notre pays », selon les termes du ministre de l’Intérieur.
Un appel à l’unité face aux défis sécuritaires
Dans son discours, le général Tiani a insisté sur l’importance de l’unité nationale pour faire face aux défis sécuritaires. « Les intérêts du Niger sont au-dessus de tout groupement, de tout regroupement, de tout individualisme et de tout clanisme. Il faut que le Niger existe pour que des intérêts particuliers subsistent. Travaillons pour l’existence de notre pays, particulièrement en ces temps difficiles », a-t-il exhorté.
Le président du CNSP a également dénoncé « une insécurité importée » et affirmé qu’il est « de notre responsabilité de mettre fin à cette importation de l’insécurité dans notre Sahel ».
« Que notre Sahel soit désormais un espace de prospérité et plus de prospérité pour l’ensemble des peuples qui y vivent plutôt qu’un espace d’insécurité et qui dit insécurité, dit misère, dit perte en vie humaine inutile », a-t-il ajouté.
« Aucun pays ne s’est développé dans la division. Aucun pays ne s’est développé dans une lutte de clans. Aucun pays ne s’est développé en dehors de la cohésion et de l’esprit constructeur de l’ensemble de ses fils », a rappelé le général Tiani, avant de conclure : « J’invite l’ensemble du peuple nigérien à apprendre dorénavant à se pardonner et à oublier. C’est difficile, mais rien de facile ne mérite d’être glorifié. »
La remise du rapport des Assises nationales au dirigeant nigérien intervient dans un contexte régional marqué par l’instabilité politique et sécuritaire au Sahel, et près de deux ans après la prise de pouvoir par les militaires au Niger, qui a entraîné la rupture des relations avec plusieurs partenaires traditionnels, dont la France, et un rapprochement avec la Russie.
AC/Sf/APA