Le principal opposant au Mozambique, Venancio Mondlane, a accusé mardi les forces de sécurité d’avoir tué son avocat Elvino Dias, assassiné dans une embuscade au cours du week-end à Maputo.
« Cela ne fait aucun doute, ce sont les forces spéciales qui ont tué Elvino avec 25 coups de feu », a asséné l’opposant Venancio Mondlane, mardi 22 octobre, lors d’une vidéo diffusée en direct sur Facebook, appelant à une nouvelle grève générale à partir de jeudi pour dénoncer des fraudes électorales.
Venancio Mondale a appelé à deux jours de manifestations et de grève générale les 24 et 25 octobre, en réaction à la proclamation prévue des résultats des élections municipales par la Commission nationale électorale (CNE).
« Nous allons paralyser le pays pendant deux jours. Le secteur public comme le secteur privé doivent s’arrêter », a déclaré l’opposant, qui dénonce des résultats électoraux « profondément falsifiés » par le parti au pouvoir, le FRELIMO.
Contrairement aux manifestations précédentes qui se concentraient en des points précis, Mondale appelle cette fois à des rassemblements simultanés dans tous les quartiers et districts du pays. « Les 154 districts du Mozambique doivent sortir manifester. Les 64 quartiers de Maputo doivent se manifester. Chaque jeune qui est dans son quartier doit manifester », a-t-il lancé.
L’opposant, qui affirme être actuellement « en mode clandestin » pour sa sécurité, dénonce les violences policières lors des manifestations de lundi, affirmant qu’ils « ont utilisé des hélicoptères pour tirer des gaz lacrymogènes périmés sur la population. Des journalistes nationaux et internationaux ont été blessés. Moi-même, pendant une interview, j’ai été touché par une balle.»
« Je suis persécuté, je suis chassé comme un rat. Plusieurs escadrons de la mort ont été déployés pour mettre fin à ma vie », a-t-il affirmé, tout en assurant ne pas être « découragé » ou « démobilisé ». « Si je dois mourir au combat, je mourrai au combat, il n’y a pas de problème. Mais je sais que ma lutte ne mourra pas, elle continuera », a-t-il soutenu.
Elvino Dias, avocat de l’opposant Venancio Mondlane, préparait un recours contre des fraudes électorales lorsqu’il a été abattu aux côtés de Paulo Guambe, un responsable du parti Podemos, en pleine rue. Ce double meurtre a suscité une onde de choc dans le pays.
La police a ouvert une enquête, tandis que des témoins parlent d’une attaque ciblée par des hommes armés qui ont bloqué leur véhicule avant de tirer une vingtaine de coups de feu.
Elvino Dias s’était déjà fait remarquer en dénonçant des fraudes lors des précédentes élections municipales.
L’Union européenne a condamné ces assassinats, réclamant une enquête rapide et appelant à la retenue. De nombreuses organisations, dont l’ordre des avocats, ont exprimé leur indignation face à ce crime qu’elles qualifient de tentative d’intimidation.
Venancio Mondlane, candidat à la présidentielle, conteste les résultats annoncés par le pouvoir et appelle à une grève générale lundi pour dénoncer la fraude.
Le Mozambique a déjà connu plusieurs assassinats autour des élections, mais ce double meurtre marque une « escalade » selon un analyste, qui estime que cela pourrait soit mobiliser davantage la population, soit l’intimider avant les manifestations prévues.
Sf/APA avec AFP