En réunion à Bruxelles, Talbi Alami a soutenu que les « conditions marocaines » doivent être respectées pour assurer l’amélioration des relations entre les deux organes législatifs du Royaume et de l’Union européenne.
À l’issue de discussions menées mardi à Bruxelles, le président de la Chambre des représentants du Maroc, Rachid Talbi Alami, et la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, ont officialisé une feuille de route visant à revitaliser les relations entre leurs institutions législatives respectives. Cette initiative marque une étape importante dans le rétablissement de liens affectés par des tensions récentes.
Lors de ces entretiens, tenus à l’invitation de Roberta Metsola, les deux dirigeants ont convenu d’une nouvelle méthodologie pour rétablir une coopération parlementaire « conforme à son état naturel ». Dans une déclaration accordée à l’agence Maghreb Arab Press (MAP), M. Talbi Alami a affirmé : « Nous avons examiné plusieurs sujets et convenu d’une feuille de route et d’une méthodologie de travail pour surmonter les dysfonctionnements ayant perturbé ces relations. »
Le président marocain a salué la volonté exprimée par Mme Metsola de relancer les relations parlementaires à la suite des récentes élections européennes et de la réorganisation du Parlement européen. Cependant, il a souligné que cette coopération doit s’inscrire « dans un cadre de respect mutuel » et respecter les « conditions marocaines » pour être pleinement rétablie.
Mme Metsola a, pour sa part, reconnu la position stratégique du Maroc dans le voisinage européen, mettant en avant sa stabilité politique, économique et sociale, ainsi que les avancées réalisées sous la conduite du roi Mohammed VI, dans divers domaines, notamment la politique étrangère.
Cette relance intervient dans un cadre historique marqué par une coopération étroite entre le Maroc et l’Union européenne, entamée dès 1960 avec la signature d’un premier accord commercial. Depuis, les relations bilatérales ont été renforcées par un accord de coopération en 1976, l’adhésion du Maroc au Partenariat euro-méditerranéen en 1995 et l’obtention d’un « statut avancé » auprès de l’UE en 2008.
La coopération parlementaire a été institutionnalisée par la création d’une Commission parlementaire mixte (CPM), qui se réunit régulièrement pour traiter de sujets d’intérêt commun. Lors de sa onzième session, tenue en mai 2022, les discussions ont porté sur des thèmes variés, allant de la protection de l’environnement à la gestion des migrations, en passant par la coopération économique.
Cependant, les relations ont été mises à rude épreuve en janvier 2023, lorsque le Parlement européen a adopté une résolution critiquant la situation des droits de l’homme et de la liberté de la presse au Maroc. En réaction, le Parlement marocain a tenu une séance plénière exceptionnelle le 23 janvier 2023, où il a décidé de réévaluer ses relations avec son homologue européen.
Soutien à la souveraineté marocaine
Les tensions ont été partiellement apaisées en octobre dernier, lorsque plusieurs députés européens, dont Nicolas Bay et Thierry Mariani, ont exprimé leur soutien à la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Ils ont fermement condamné la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) d’annuler les accords économiques entre le Maroc et l’UE. Ces élus ont rappelé que Rabat demeure le partenaire légitime de l’Union européenne, rejetant toute légitimité au Front Polisario.
Cette rencontre entre M. Talbi Alami et Mme Metsola constitue une tentative sérieuse pour restaurer une coopération fructueuse et durable entre les deux parlements. La feuille de route adoptée traduit une volonté commune de dépasser les différends récents et de renforcer un partenariat stratégique basé sur des valeurs partagées et un respect mutuel.
Alors que l’Union européenne et le Maroc se trouvent à la croisée des chemins, cette relance des relations parlementaires pourrait poser les jalons d’une nouvelle ère de collaboration bilatérale.
MK/Sf/ac/APA