Les autorités ont mis fin à l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger signé en 2015 avec les mouvements rebelles.
Dans une note rendue publique récemment, l’ONG « International Crisis Group » (ICG) a indiqué que la reprise de Kidal par l’armée malienne ne signifie pas que le conflit soir terminé. Selon cette organisation, il serait plus judicieux de mettre en place un processus politique pour consolider le retour à la paix.
Pour l’ONG, la baisse significative en intensité des combats entre les rebelles du Cadre stratégique permanent (CSP) et les Forces armées maliennes (FAMa) autour de Kidal, ne met pas un terme « à un conflit décennal, aux racines politiques profondes ». Elle prévient sur les « graves conséquences humanitaires » qui pourrait survenir au cas où cette situation n’est pas consolidée par un processus politique. Une démarche, d’après elle, capable d’améliorer les chances d’atteindre une stabilité politique durable au Mali.
L’ONG souligne également que « ni les autorités de transition ni les groupes armés rebelles ne semblent en mesure de remporter la guerre de façon décisive ». Selon elle, un enlisement du conflit risquerait à terme d’affaiblir les deux camps et de se répercuter sur l’ensemble du Sahel central.
iCG affirme que « le conflit actuel a exacerbé la polarisation entre ceux qui, au sein de la population malienne, soutiennent les autorités à Bamako et ceux restés proches du CSP ».
Elle estime que les jihadistes ont été moins touchés par la perte de Kidal que le CSP dont c’était le fief. Toutefois, elle mer en garde sur le fait que les premiers pourraient profiter de cette situation pour se rapprocher des rebelles et combattre l’Etat comme cela avait été en 2012, lors du devait du conflit armé actuel au Mali. Une situation qui pourrait leur permettre « de renforcer leur influence dans le pays », note ICG.
L’ONG rappelle que pour le pouvoir en place et une partie de l’opinion publique, la reconquête de Kidal par les Fama « symbolise le triomphe de l’approche militaire au détriment du règlement politique incarné par l’accord d’Alger au cours de ses huit ans d’existence ».
L’organisation non gouvernementale n’a pas manqué de souligner la difficulté « d’envisager le retour durable de la paix dans le nord du Mali sans un processus politique permettant le dialogue, la réconciliation, et offrant des perspectives pour une meilleure gouvernance locale au bénéfice des populations ». D’après elle, avec les affrontements de ces derniers mois, la relance du processus politique s’annonce compliquée et incertaine, alors que celui-ci est indispensable. « C’est en effet la voie qui offre les meilleures chances d’une paix et d’une stabilité durables pour le nord du Mali et ses populations », insiste l’ONG.
ICG tient à saluer la récente offre de dialogue inter-Maliens, lancée par les autorités de transition fin 2023. Elle y voit « une opportunité à saisir pour que la négociation prévale à nouveau sur l’affrontement ». C’est « seule manière de parvenir à une paix durable » précise-t-elle. Cependant, l’ONG insiste sur la nécessité d’y faire participer les vrais acteurs du conflit, y compris ceux de la rébellion « pour négocier un cessez-le-feu et s’engager vers des pourparlers inclusifs ».
Dans un récent entretien accordé à la chaîne de télévision nationale, le ministre malien de la réconciliation nationale, le Colonel-Major Ismael Wagué a indiqué qu’il était nécessaire de « de traiter prioritairement les questions juridiques et judiciaires inhérentes » à la participation des rebelles dans des attaques contre l’armée malienne et les civils. Il fait ainsi référence à des poursuites lancées contre eux par la justice malienne depuis novembre 2023.
MD/ac/APA