Moussa Mara, ancien Premier ministre, a condamné l’attitude de l’Ukraine qui a pris parti dans la crise du nord malien, tout en exhortant les autorités à adopter une position neutre vis-à-vis des puissances étrangères.
Dans une vidéo publiée le vendredi 16 août sur sa page Facebook, Moussa Mara, ancien Premier ministre du Mali (avril 2014 – janvier 2015), a abordé plusieurs sujets brûlants de l’actualité malienne. De la rupture des relations diplomatiques avec l’Ukraine à la situation sécuritaire du pays, en passant par la transition politique, l’homme politique a livré une analyse détaillée de la situation actuelle du Mali. Tout en prônant la neutralité.
Mara soutient fermement la décision du Mali de rompre ses relations diplomatiques avec l’Ukraine. Il accuse Kiev d’avoir trahi le Mali. « C’est l’Ukraine qui a tourné le dos au Mali. Quand vous aidez des ennemis du Mali, de l’armée malienne et que cela cause des dommages importants, c’est vous qui avez pris parti », déclare-t-il.
Dans une déclaration largement diffusée, le porte-parole du renseignement ukrainien a affirmé que son pays avait soutenu les rebelles du Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA) lors des affrontements du 25 au 27 juillet contre l’armée malienne et ses alliés russes. Cette affirmation, confirmée par l’ambassadeur ukrainien à Dakar, a conduit Bamako à rompre ses relations diplomatiques avec Kiev.
L’ancien Premier ministre condamne vivement l’attitude de l’Ukraine, rappelant la longue collaboration sécuritaire entre les deux pays, appelant à une condamnation générale de l’Ukraine en Afrique. « Il faut que nous tous condamnions cette attitude et soutenions nos autorités pour tous les efforts diplomatiques afin d’obtenir que partout en Afrique l’Ukraine soit condamnée pour cette attitude sur le territoire malien », préconise-t-il.
En revanche, Moussa Mara met en garde contre l’importation de conflits étrangers sur le sol malien. Il conseille aux autorités d’éviter « les actions à court terme basées sur l’émotion en matière de géopolitique ». L’ancien Premier ministre conseille le non-alignement comme la meilleure stratégie pour le Mali. « Le non-alignement c’est la stratégie de notre pays depuis l’indépendance. C’est la meilleure voie pour un pays comme le Mali qui a d’autres enjeux à régler », suggère-t-il aux autorités maliennes.
S’exprimant sur la situation sécuritaire, Mara fait remarquer une détérioration de celle-ci dans plusieurs régions du pays. Face à cette situation préoccupante, il insiste sur l’importance de l’intelligence en plus des moyens militaires pour combattre le terrorisme. « Nous devons utiliser de l’intelligence. Les moyens armés sont nécessaires, mais l’intelligence est la voie la plus sûre pour sortir du terrorisme », affirme l’ancien chef de gouvernement sous Ibrahim Boubacar Keita.
L’ancien Premier ministre rappelle son initiative de janvier 2024 pour « sauver la transition », qui n’a pas été suivie. Il critique la prolongation de la période de transition. « Et la transition qui n’en finit pas de ne pas finir au point que ses propres supporters demandent qu’on sorte de la transition. »
Mara exhorte le chef de l’État à prendre la mesure de la situation délicate et à agir pour sortir de la crise. « Je souhaiterais que nos autorités, que le chef de l’État mesure la délicatesse de la situation de notre pays et fasse en sorte qu’on puisse s’en sortir enfin. »
En conclusion, Moussa Mara dresse un tableau préoccupant de la situation au Mali et appelle à l’unité nationale pour surmonter les défis actuels. « Encore une fois, à nos autorités, faisons face à la situation en rassemblant, écoutons-nous, donnons-nous la main. Personne n’est contre la transition, tout le monde veut sa réussite, mais sa réussite, c’est aussi sa terminaison. »
AC/sf/APA