Les nouvelles taxes sur les télécommunications et le mobile money sont entrées en vigueur ce mercredi 5 mars au Mali, affectant les recharges et les retraits, et provoquant des réactions contrastées.
Ce mercredi, les consommateurs maliens font face à de nouvelles taxes sur les services de télécommunications et les transactions de mobile money. Ces mesures, initialement prévues pour le 19 février puis reportées au 28 février 2025, sont désormais effectives, suscitant des réactions contrastées au sein de la population.
Les nouvelles taxes appliquées sur les services de télécommunications et de mobile money concernent principalement les recharges téléphoniques et les transactions financières. Désormais, une contribution de 10 % est prélevée sur toutes les recharges de crédit, qu’elles soient effectuées via des distributeurs, des cartes de recharge ou des services de mobile money tels qu’Orange Money et Moov Money. Ainsi, une recharge de 1 000 F CFA ne crédite plus que 900 F CFA sur le compte de l’utilisateur. Par ailleurs, un prélèvement de 1 % s’applique à toutes les opérations de retrait d’argent via les plateformes de mobile money, faisant passer les frais de retrait pour un montant de 10 000 F CFA de 100 F CFA à 200 F CFA, répartis entre l’opérateur et l’État.
Ces prélèvements sont destinés à alimenter le Fonds de soutien aux projets d’infrastructure de base et de développement social, comme l’indique le communiqué d’Orange Mali adressé à ses clients.
Réactions des opérateurs télécoms
Les opérateurs télécoms ont rapidement informé leurs clients de l’application de ces nouvelles taxes. Des messages ont été envoyés pour expliquer les modalités des prélèvements, assurant ainsi une transparence dans la mise en œuvre de ces mesures fiscales.
L’introduction de ces taxes intervient dans un contexte où le secteur des télécommunications en Afrique subsaharienne est déjà soumis à une pression fiscale notable. Selon une étude de la GSMA, en 2021, le secteur de la téléphonie mobile a contribué à hauteur de 9 milliards de dollars aux recettes publiques dans 18 pays de la région, représentant en moyenne 30 % de leur chiffre d’affaires. Cette charge fiscale, souvent supérieure à la contribution économique du secteur, peut freiner l’accessibilité financière et l’expansion des services mobiles.
Réactions des consommateurs et conséquences économiques
L’introduction de ces taxes a suscité des réactions mitigées parmi les consommateurs. Beaucoup expriment leur inquiétude quant à l’impact de ces prélèvements sur leur pouvoir d’achat, déjà affaibli par les crises multiples que traverse le pays, notamment sur les plans énergétique, sécuritaire, politique, économique et financier.
Des organisations de défense des droits des consommateurs ont également exprimé leurs réserves, appelant à une gestion transparente et efficace des fonds collectés. Elles insistent sur la nécessité de s’assurer que ces ressources soient effectivement utilisées pour des projets d’infrastructure et des programmes sociaux, conformément aux engagements pris par le gouvernement.
Augmentation des budgets institutionnels
Parallèlement à l’instauration de ces taxes, il est notable que les budgets de certaines institutions de la transition ont connu des augmentations significatives. Le budget du Conseil national de transition (CNT) est passé de 11,726 milliards de F CFA en 2024 à 13,897 milliards de F CFA en 2025, soit une augmentation de 2,171 milliards de F CFA. De même, le budget de la Présidence de la transition a été revu à la hausse, passant de 17,216 milliards de F CFA à 17,748 milliards de F CFA.
Controverses sur la procédure d’adoption des taxes
La mise en œuvre de ces taxes sans l’approbation préalable du CNT a suscité des interrogations. En effet, bien qu’une ordonnance avait été prise pour leur application, certains estiment que ces mesures auraient dû être soumises au CNT, dont la prochaine session n’est prévue qu’en avril 2025. Cette situation alimente le débat sur la légitimité de l’application de ces taxes sans un examen parlementaire approfondi.
L’application des nouvelles taxes sur les services de télécommunications et les transactions de mobile money au Mali intervient dans un contexte économique et social déjà fragile. Si le gouvernement justifie ces mesures par la nécessité de financer des projets d’infrastructure et de développement social, leur impact sur le quotidien des citoyens et la perception d’une augmentation des dépenses institutionnelles suscitent des débats. La transparence dans la gestion des fonds collectés et une communication efficace sur leur utilisation seront essentielles pour apaiser les tensions et renforcer la confiance des citoyens envers les autorités, estiment des observateurs.
MD/ac/Sf/APA