Au lendemain de la publication du rapport sur les événements de Mourra dans lequel l’armée malienne a cité dans l’assassinat de plusieurs centaines de civils, les autorités avaient menacé de saisir saisi la justice.
Dans une plainte déposée chez le procureur général près la Cour d’Appel de Bamako, les autorités de transition reprochent à la mission spéciale d’établissement des faits de l’ONU « d’espionnage, d’atteinte au moral des armées de terre ou de l’air, de faux et usage de faux et d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Eta ». Des faits prévus et punis par les dispositions de plusieurs articles du Code pénal malien, selon le parquet.
Le ministère public indique que le Pôle judiciaire spécialisé en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale a été saisie pour faire la lumière sur les crimes reprochés à la mission onusienne d’établissement des faits. Celle-ci dans un rapport publié par le Haut-Commissariat des Nations-Unies, le mois dernier, a indiqué que des militaires maliens et des combattants « étrangers » avaient exécuté au moins 500 personnes lors d’une opération menée dans la localité malienne de Mourra, au centre du pays, entre le 27 et le 31 mai 2022. C’est l’un des bilans les plus lourds en matière de personnes tuées au Mali depuis le début de la crise sécuritaire en 2012. Plusieurs rapports d’ONG dont Amnesty International, Human Rights Watch et la FIDH avaient mis en cause l’armée malienne et leurs partenaires. Même si la nationalité de ces derniers n’avaient pas été cités, d’aucuns n’hésitent pas à évoquer le nom des paramilitaires russes de Wagner dont la présence au Mali est confirmée par les Occidentaux malgré le refus des autorités de l’admettre.
Au lendemain de la publication du rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, le 14 mai, les autorités maliennes ont qualifié ce document de « biaisé », reposant sur un « récit fictif » avant de promettre des poursuites contre la mission spéciale d’établissement des faits. Celle-ci a été accusée d’avoir utilisé « des satellites pour recueillir des informations sans l’autorisation du gouvernement ». Un procédé que les autorités qualifient d’« espionnage ».
Cette plainte intervient quelques jours après que le Mali a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU « un retrait sans délai » de la Minusma, lui reprochant d’avoir échoué à sécuriser et à stabiliser le pays après 10 ans de présence. Une mission dont le mandat expire le 30 juin prochain.
MD/ac/APA