L’inquiétude grandit au sommet du gouvernement malien face à des divergences et à une nouvelle absence prolongée du Premier ministre, Choguel Maïga qui a remplacé Moctar Ouane après la « rectification » de la transition en mai 2021.
Depuis plusieurs jours, l’absence du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, des sources rapportent son départ en Turquie pour un contrôle médical. Ce qui suscite de nombreuses spéculations. En son absence, le Colonel Abdoulaye Maïga, ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, porte-parole du gouvernement, assure de nouveau l’intérim à la Primature. C’est également lui qui a prononcé le discours du Mali lors de la 79e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies, le 28 septembre 2024.
Ce n’est pas la première fois que le Colonel Abdoulaye Maïga remplace Choguel Maïga dans cette fonction. En 2022, le Premier ministre avait déjà été écarté pendant plusieurs mois à la suite d’un accident vasculaire cérébral (AVC) et c’est le Colonel Abdoulaye Maïga qui l’avait remplacé à l’Assemblée générale de l’ONU. À l’époque, cette absence prolongée avait déjà soulevé des interrogations quant à la capacité de Choguel Maïga à reprendre pleinement ses fonctions. Cette situation similaire en 2024 pousse certains observateurs à se demander si cette fois-ci, le changement à la Primature pourrait être définitif.
La dernière apparition publique de Choguel Maïga remonte au samedi 21 septembre 2024, lorsqu’il a présidé une journée de sensibilisation organisée par le Centre de médecine sportive, en collaboration avec le Haut Conseil national de lutte contre le Sida. Depuis, il n’a pas participé à plusieurs événements clés, notamment la rencontre du 26 septembre 2024 entre le gouvernement et la commission de rédaction de l’avant-projet de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation. Cette absence répétée a ravivé les spéculations sur son état de santé, mais aussi sur ses divergences politiques avec les militaires au pouvoir.
Choguel Maïga ne souffle en effet plus sur la même trompette que les autorités militaires depuis plusieurs mois. Il avait publiquement appelé à mettre fin à la transition, qu’il jugeait trop longue. Par ailleurs, lors de son éviction du comité stratégique du M5-RFP, il avait insinué que des militaires étaient responsables de cette décision. Son lieutenant, Kader Maïga, avait même directement accusé des officiers, ce qui lui avait valu un séjour en prison, en plus d’autres chefs d’accusation.
Le malaise au sommet de l’exécutif s’est encore aggravé en mai 2024 avec la publication d’un mémorandum par les proches de Choguel Maïga, critiquant ouvertement la gestion du pays par les militaires. Ce document avait provoqué des remous au sein du gouvernement et relancé les spéculations sur une rupture entre Choguel Maïga et la junte.
C’est au lendemain de la « rectification » de la transition alors dirigée par Bah N’daw et Moctar Ouane, en mai 2021, soit neuf mois après un coup d’Etat contre Ibrahim Boubacar Keita que les colonels ont placé Choguel Maiga à la tête du gouvernement.
MD/ac/Sf/APA