Le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) déplore « les conditions » dans lesquelles vivent les burkinabés, classant le Mali à la quatrième position dans la liste des crises de déplacement les plus négligées dans le monde en 2023.
Confronté aux violences terroristes au même titre que d’autres pays du Sahel, le Mali est devenu la terre d’accueil de plusieurs milliers de burkinabè qui ont fui les violences en cours dans leur pays. Dans un communiqué transmis mercredi à APA, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) a alerté sur la situation « intenable » de ces personnes au centre du Mali, notamment dans le cercle de Koro, en raison de la période de soudure.
Le NRC a classé le Mali à la quatrième position dans la liste des crises de déplacement les plus négligées dans le monde en 2023 alors que plus de 180 000 réfugiés burkinabè vivent dans ce pays.
Depuis janvier 2024, « plus de 20 000 réfugiés burkinabés » ont été enregistrés à Koro alors que de nombreux autres de leurs compatriotes attendent encore d’être enregistrés, selon une évaluation conjointe menée par NRC et d’autres partenaires. Cet afflux important de réfugiés et de demandeurs d’asile en provenance du Burkina, principalement du nord du pays, a commencé depuis octobre 2023, précise le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) des Nations Unies.
C’est une « pression énorme » qui s’exerce alors sur les ressources limitées des communautés locales qui accueillent déjà un grand nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays. « La période de soudure est la plus difficile de l’année pour les familles et la situation est alarmante pour des milliers de réfugiés dans le centre du Mali. La communauté internationale doit agir maintenant pour éviter de nouvelles souffrances », a déclaré Maclean Natugasha, directrice du NRC au Mali, ajoutant que le déplacement et l’insécurité alimentaire pendant cette période critique sont le « double fardeau » qui handicape les réfugiés burkinabés.
À Koro, l’organisation note que les autorités locales ont fait preuve d’une « générosité remarquable » en offrant à ces derniers des terres arables, mais beaucoup d’entre eux n’ont pas pu cultiver faute de ressources. Ils dépendent donc de l’aide humanitaire, qui reste insuffisante compte tenu de l’ampleur de la crise. De nombreuses familles déplacées restent également sans abri ou vivent dans des conditions de surpeuplement avec des familles d’accueil elles-mêmes vulnérables, a souligné du NRC.
« Nous avons fui nos maisons dans le village de Nodin, dans le nord du Burkina Faso, sans rien, et maintenant nous luttons pour trouver même les produits de première nécessité ici au Mali. Nous espérons que ceux qui peuvent nous aider ne nous oublieront pas », a confié Hamidou, un réfugié burkinabé vivant à Koro, au NRC.
Mme Natugasha fait savoir ainsi que le manque de financement, combiné aux difficultés liées à l’enregistrement et à l’assistance des réfugiés dans les zones reculées et difficiles d’accès, continue d’entraver la réponse humanitaire. Elle appelle la communauté internationale à « redoubler d’efforts » pour fournir de la nourriture, des abris et des services essentiels aux réfugiés et aux communautés d’accueil qui ont fait preuve d’une telle générosité.
ODL/ac/Sf/APA