Barrick Gold Corporation, l’un des plus grands producteurs d’or au monde, a publié, ce lundi 6 janvier 2025, un communiqué alertant sur les perturbations grandissantes de ses opérations au complexe minier de Loulo-Gounkoto au Mali.
L’État malien, dans un acte inédit, a imposé une saisie conservatoire des stocks d’or présents sur le site minier de Loulo-Gounkoto et interdit leur exportation. Ce différend, que Barrick qualifie d’« injustifié », menace l’économie locale et pose de sérieuses questions sur l’avenir du partenariat entre la multinationale et le Mali.
Mark Bristow, PDG de Barrick, a exprimé sa profonde inquiétude, affirmant que l’absence de solution rapide pourrait entraîner une suspension temporaire des activités, une décision aux conséquences potentiellement désastreuses pour les 8 000 employés maliens, les fournisseurs locaux et l’économie nationale.
L’État malien accuse Barrick Gold de ne pas respecter certains de ses engagements financiers et contractuels. Parmi les griefs avancés figurent des différends sur les taxes, la répartition des bénéfices et la contribution de Barrick au développement socio-économique du pays. Le Mali cherche également à accroître sa part dans les revenus générés par le complexe de Loulo-Gounkoto, un site qui représente une portion significative de la production aurifère nationale.
Ces revendications s’inscrivent dans une stratégie plus large de renforcement de la souveraineté économique du Mali, un pays dont les ressources naturelles constituent une richesse essentielle. En réponse, les autorités maliennes ont mis en œuvre des mesures coercitives, notamment la saisie conservatoire, pour faire pression sur Barrick.
Dans son communiqué, Barrick conteste fermement les accusations et appelle à une résolution par le dialogue. L’entreprise souligne que la saisie conservatoire va à l’encontre des mécanismes internationaux de règlement des différends, notamment ceux du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), où une procédure d’arbitrage a été initiée.
Parallèlement, Barrick s’efforce de négocier un protocole d’accord avec le gouvernement malien pour redéfinir les termes du partenariat et trouver une solution mutuellement bénéfique. Mark Bristow a également dénoncé l’arrestation de plusieurs employés maliens, qualifiant ces actions de mesures injustifiées, tout en réaffirmant l’engagement de l’entreprise envers la sécurité et le bien-être de son personnel.
Malgré ces tensions, 2024 a été une année stable pour Barrick Gold, avec des performances notables tant au Mali qu’au niveau mondial. Pour le premier trimestre 2024, le géant a enregistré une production de 940 000 onces d’or (29 tonnes) et de 40 000 tonnes de cuivre. Les ventes d’or ont été réalisées à un prix moyen de 2 070 dollars l’once, un record soutenu par la hausse des cours mondiaux. S’agissant du deuxième trimestre 2024, il a maintenu sa production à à 948 000 onces d’or et 43 000 tonnes de cuivre, avec un bénéfice net de 370 millions de dollars, en hausse de 25 % par rapport au premier trimestre. Quant au troisième trimestre 2024, sa production a légèrement baissé atteignant 943 000 onces, mais la production de cuivre à 48 000 tonnes a connu une augmentation. Barrick a confirmé ses prévisions annuelles, visant entre 3,9 et 4,3 millions d’onces d’or.
Le complexe de Loulo-Gounkoto représente une contribution essentielle à ces performances. Au Mali, cette mine est non seulement une source majeure de revenus fiscaux, mais aussi un moteur de développement économique local grâce à l’emploi et aux projets communautaires financés par Barrick.
Pour Barrick, ce bras de fer pourrait représenter un test décisif de son engagement envers le Mali, où elle opère depuis près de trois décennies. Pour l’État malien, la résolution de ce conflit sera déterminante pour maintenir la confiance des investisseurs étrangers tout en affirmant sa souveraineté économique.
MD/te/Sf/APA