L’ancien Premier ministre malien, Choguel Maïga, a critiqué les autorités militaires en place, dénonçant une « gouvernance par la peur » et une dérive autoritaire menaçant l’avenir démocratique du pays. Il a également défendu son bilan et exprimé des inquiétudes concernant l’orientation de la transition en cours.
Recevant récemment ses partisans à l’occasion du Nouvel An, l’ancien Premier ministre de la transition malienne, Choguel Kokalla Maïga, a exprimé des critiques acerbes à l’encontre des autorités militaires en place, dénonçant une « gouvernance par la peur » et une dérive autoritaire qui, selon lui, compromettent l’avenir démocratique du Mali.
Lors d’une rencontre avec ses partisans du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), Choguel Maïga est revenu sur sa nomination en tant que Premier ministre en juin 2021. Il a souligné qu’il n’était pas initialement candidat à ce poste : « Quand on a demandé de donner le nom du Premier ministre, j’ai dit que je n’étais pas là-dedans », a-t-il confié, ajoutant qu’« un Premier ministre, ce n’est pas quelqu’un qu’on ramasse dans les caniveaux » et que le gouvernement « n’est pas une ONG pour faire un appel d’offres ».
Choguel Maïga a également évoqué son discours mémorable à l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2021, où il avait accusé la France d’« abandon en plein vol » dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Il a affirmé que ce discours n’avait été soumis à personne avant sa prononciation, malgré les conseils de certains diplomates de retirer cette métaphore. « Ça, c’est la politique. Au-delà du thé ou du cabaret, les militaires et les diplomates doivent être au service du pouvoir en place », a-t-il déclaré.
Choguel Maïga a défendu le bilan de son gouvernement, mentionnant des avancées telles que le nouveau code minier, la rédaction d’une nouvelle constitution et la restauration de la confiance des Maliens. Ces réalisations, selon lui, constituent des acquis majeurs de la transition, malgré les défis rencontrés. Son éviction du poste de Premier ministre en novembre 2024, suite à ses critiques publiques envers les autorités militaires au pouvoir, marque une rupture significative dans le paysage politique malien.
Partant de là, l’ancien Premier ministre a exprimé de vives inquiétudes quant à la direction prise par la transition actuelle. Il a dénoncé une gouvernance basée sur la peur, citant des exemples d’arrestations arbitraires, notamment celle d’un opposant à Sikasso pour avoir simplement exprimé son désaccord avec une marche. « Même si on met tout le monde en prison, ça ne suffira pas. Il faut gouverner par la vertu », a-t-il martelé, appelant à une gestion plus vertueuse et inclusive du pouvoir.
Malgré la persistance des menaces terroristes, Choguel Maïga s’est montré optimiste quant à l’avenir sécuritaire du Mali. « Il va finir, je vous assure qu’il faut que les gens tiennent », a-t-il déclaré, tout en s’interrogeant sur les soutiens extérieurs aux groupes armés. Il a pointé du doigt l’approvisionnement en ressources des terroristes, soulignant l’absence de raffineries ou d’usines dans le désert, mais la présence de milliers de motos et d’armes.
MD/ac/Sf/APA