Le président ghanéen John Mahama a appelé les dirigeants africains à renforcer les institutions financières multilatérales pour favoriser un développement durable sur le continent.
S’exprimant en marge du 38ᵉ Sommet de l’Union africaine (UA) dimanche à Addis-Abeba, John Diamant Mahama a exhorté les dirigeants à accélérer la mise en place d’institutions financières clés de l’UA, notamment la Banque centrale africaine, la Banque d’investissement africaine, le Fonds monétaire africain et la Bourse panafricaine.
Il a insisté sur la nécessité pour l’Afrique de privilégier les investissements et les financements en vue de concrétiser son ambition de développement, en ligne avec l’Agenda 2063.
Selon lui, l’économie africaine a fait preuve de résilience malgré de nombreux défis. En 2023, le continent a connu un ralentissement, avec une baisse de la croissance du PIB réel à 3,1 % contre 4,1 % en 2022.
« Les prévisions indiquent une reprise avec une croissance attendue de 3,7 % en 2024 et 4,3 % en 2025. Cette perspective optimiste souligne la solidité intrinsèque de nos économies et l’efficacité de nos politiques d’intervention. Toutefois, malgré ces tendances positives, nous devons reconnaître que cette croissance ne s’est pas toujours traduite par une amélioration significative du revenu par habitant. La transformation structurelle demeure inégale, de nombreuses économies restant dépendantes de secteurs à faible productivité. De plus, le continent continue de faire face à des défis majeurs tels que les changements climatiques, les tensions géopolitiques, les fractures du multilatéralisme, ainsi que les maladies et pandémies qui entravent notre trajectoire de croissance », a déclaré le président Mahama.
Pour atteindre un développement durable, il a souligné la nécessité d’investissements stratégiques dans la santé, l’éducation, l’énergie, la technologie et les infrastructures.
Il a déploré le déficit de financement pour ces investissements, estimé à environ 402 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 pour atteindre les objectifs de l’Agenda 2063 et les Objectifs de développement durable de 2030.
« Ce déficit de financement n’est pas qu’une simple statistique, il représente le potentiel non exploité de millions d’Africains, dont les rêves d’une vie meilleure dépendent de notre capacité à investir judicieusement dans les infrastructures, l’éducation, la technologie et la santé.
(…) Notre défi est donc de mobiliser efficacement les ressources nationales et africaines, de réduire notre dépendance aux financements externes traditionnels et de tracer une voie vers l’autonomie et une croissance durable.
(…)Pour combler ce déficit, nous devons adopter une approche multifacette. La mobilisation des ressources nationales est essentielle : en améliorant l’administration fiscale, en luttant contre les flux financiers illicites et en encourageant une culture de conformité fiscale, nous pouvons considérablement accroître nos revenus.
(…) Nous saluons le rôle proactif de la Commission de l’UA dans le renforcement des capacités des États membres et la défense de règles fiscales internationales justes et équitables lors des forums mondiaux.
(…) Les travaux en cours sur la Convention-cadre des Nations Unies sur la coopération fiscale internationale constituent une avancée essentielle pour éliminer l’érosion de la base d’imposition et le transfert des bénéfices, protégeant ainsi nos revenus nationaux », a-t-il affirmé.
Toutefois, Mahama a reconnu que les efforts nationaux seuls ne suffiront pas, soulignant que les pays africains devront augmenter leur ratio médian impôt/PIB d’environ 13,2 points de pourcentage, pour atteindre 27,2 % du PIB et combler l’écart de financement d’ici 2030.
Il a réitéré la nécessité de ressources financières supplémentaires et d’une réforme de l’architecture financière mondiale afin de garantir une répartition équitable et inclusive des ressources.
« La voie à suivre exige un engagement indéfectible. J’appelle nos gouvernements, le secteur privé, la société civile et nos partenaires au développement à renouveler leur engagement à mobiliser des ressources pour notre agenda de développement continental.
(…) Exploitons nos forces collectives, favorisons des partenariats stratégiques et soutenons des solutions innovantes pour combler les écarts de financement et d’investissement. L’Afrique que nous aspirons à construire – un continent intégré, prospère et pacifique – est à notre portée.
(…) En mobilisant nos ressources, en réformant nos systèmes financiers et en investissant dans notre population, nous pouvons transformer les aspirations de l’Agenda 2063 en réalité », a-t-il conclu.
GIK/lb/ac/APA