Des experts des Nations unies ont exprimé au gouvernement tunisien leur inquiétude face aux informations faisant état de traitements racistes et d’expulsions collectives ciblant des migrants subsahariens.
Ces derniers mois, plusieurs villes tunisiennes ont été le théâtre d’affrontements entre les populations locales et des migrants en transit venus des pays situés au Sud du Sahara. Sur les réseaux sociaux, circulent de nombreuses vidéos montrant le traitement inhumain infligé aux candidats à la traversée de la Méditerranée.
Dans un communiqué diffusé ce mardi, des experts de l’Onu se disent « inquiets » du traitement prétendument discriminatoire de la Tunisie envers les migrants subsahariens. Ils ont exhorté les autorités à prendre des mesures urgentes pour mettre fin aux expulsions collectives et protéger les droits humains de tous les migrants.
« Les expulsions collectives sont interdites par le droit international », ont déclaré les experts de l’ONU, cités par la note. « Expulser des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile sans procéder à une évaluation individuelle et objective des risques de leur exposition à des violations des droits de l’homme lors de leur retour équivaut à un refoulement, interdit par le droit international des droits de l’homme », rappellent-ils.
Selon les experts onusiens, le principe de non-refoulement, inscrit dans le droit international des droits de l’homme, s’applique à toutes les formes d’expulsion, indépendamment de la nationalité ou du statut migratoire. Ils ont souligné que le ciblage des migrants et des demandeurs d’asile sur la base de leur couleur de peau viole également l’interdiction de la discrimination raciale en vertu du droit international.
« Nous sommes également profondément préoccupés par les informations faisant état de discours de haine raciste dans le pays et les informations faisant état de violences contre des migrants à Sfax, notamment perpétrées par des responsables de l’application des lois », ont-ils affirmé, précisant que « le discours de haine raciale qui constitue une incitation à la discrimination a des conséquences réelles, y compris la violence. »
Les experts, qui disent être en contact avec les autorités sur ces questions, ont appelé le gouvernement tunisien à prendre des mesures immédiates pour mettre fin au discours de haine raciste dans le pays, protéger les migrants subsahariens contre la violence, enquêter sur les actes de violence signalés et garantir l’accès à la justice et aux voies de recours pour les victimes. Comme le recommande également le Comité sur l’élimination de la discrimination raciale dans sa déclaration du 31 mars 2023.
Ils appellent également Tunis à poursuivre et étendre l’accès humanitaire à une zone dangereuse à la frontière tuniso-libyenne où de nombreuses personnes, dont des femmes enceintes et des enfants, ont déjà été expulsées.
ARD/ac/APA