Les muftis de l’Arabie Saoudite et de l’Egypte ainsi que les dignitaires de plusieurs pays du monde islamique ont insisté en guise de rappel sur la force du message de modération et de tempérance véhiculé par les textes scripturaires, soulignant en définitive que «l’exagération» n’a pas de place dans l’islam.
« Ceux qui ont été anéantis avant vous l’ont été à cause de l’exagération » dans leur religion, a particulièrement affirmé Abdul Aziz Ben Abdallah Ali Cheikh, à l’ouverture, lundi à La Mecque, d’un colloque international sur la modération et le juste milieu dans le Coran et la Sunna
Ali Cheikh, mufti du royaume d’Arabie Saoudite, étayait d’un verset coranique ce passage de son intervention faite devant une assistance largement dominée par des hommes vêtus de blanc immaculé.
Pour cet érudit, par ailleurs président du Haut Conseil de la Ligue islamique mondiale, la modération et la tempérance ont caractérisé « toute la vie du prophète » Mohammed, sans oublier qu’ils « ressortent dans tous les textes du Coran et de la Sunna (tradition prophétique) ».
Son homologue d’Egypte, Shaoqi Alaam, a eu pratiquement le même discours. Notant que le monde arabe fait face aujourd’hui à « d’importants défis », il a invité au choix du juste milieu pour vivre en harmonie sur cette terre en suivant notamment les « pas des prédécesseurs ».
Selon lui, en effet, « il y a un écart entre la voie du Prophète et celle des extrémistes » qui veulent coûte que coûte imposer aux autres leur « approche », alors que celle-ci devait être celle du « juste milieu ».
L’extrémisme, « un danger »
Sur ce point, Mohamed Ben Abdel Karim Al Aissa de la Ligue islamique mondiale a souligné que l’extrémisme représente un « danger » dans le sens où il « touche des personnes sans clairvoyance religieuse, mais (qui sont) juste animées par une ferveur ».
Ainsi pour lui, ces jeunes gens « ont besoin d’être protégés » des idées qui « sont mises en avant et qui salissent l’image de l’islam ». Contrairement aux dires, cette religion s’identifie à la « tolérance » à la « miséricorde » qui lui est toujours associée.
« Il faut faire comprendre la signification du terme tolérance. (…) Le texte juridique nécessite une compréhension précise de celui qui l’interprète », a lancé Mohamed Ben Abdel Karim, appelant également à « faire la différence entre la religion et la religiosité ».
En interprétant les textes de l’islam, « il ne faudrait pas seulement se limiter aux définitions » mais il faudra « donner à chaque aspect sa part », a souligné pour sa part Abdallah Ben Beyha, président du Conseil émirati pour le renforcement de la paix entre les communautés.
« Rien n’est plus difficile que de suivre la charia, c’est-à-dire être modéré », a-t-il par ailleurs rappelé, invitant ainsi au retour « à cette modération (islamique) pour faire face à ce message de haine » amplifié par « les médias ».
Dans ce sens, le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, Youssef Ben Ahmed Al Otheimen, s’est réjoui de ce que « cette réunion vient à son heure » avant d’annoncer que son organisation « a mis en place un centre qui lutte contre les discours extrémistes ».
La Ligue islamique mondiale, créée en mai 1962 et basée à La Mecque, est une organisation populaire internationale dont la vocation est « de clarifier la véritable image de l’islam, de fournir de l’aide humanitaire et de coopérer avec tout le monde ».
ODL/cat/APA