L’histoire des élections législatives au Sénégal reflète l’évolution démocratique du pays depuis son indépendance en 1960. Du monopartisme initial au multipartisme intégral de 1981, l’Assemblée nationale s’est progressivement transformée. Aujourd’hui forte de 165 sièges, dont 15 pour la diaspora, elle illustre la maturation d’un système politique qui a connu plusieurs alternances démocratiques.
Les élections législatives anticipées du 17 novembre 2024 au Sénégal, convoquées à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Bassirou Diomaye Faye, s’inscrivent dans un contexte politique inédit. Ce scrutin se déroule dans une période marquée par des enjeux majeurs pour le pays, mais il est aussi le prolongement d’une longue évolution démocratique qui a façonné l’histoire des législatives au Sénégal.
1960-1974 : L’ère du parti unique
Après l’indépendance, sous la présidence de Léopold Sédar Senghor, le Sénégal a fonctionné sous un système de parti unique de fait, dominé par l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS), futur Parti socialiste (PS). Durant cette période, le parlement comptait 80 sièges, et la participation électorale dépassait régulièrement 90%. Ce monopole politique de l’UPS s’est maintenu jusqu’en 1974.
1974-1981 : Introduction du multipartisme limité
À partir de 1974, un multipartisme limité a été introduit, permettant l’existence de trois courants politiques. Aux côtés du Parti socialiste (PS), deux autres partis ont été autorisés : le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) dirigé par Abdoulaye Wade, et le Parti Africain de l’Indépendance (PAI). Malgré cette ouverture, le PS a conservé une forte emprise sur le pouvoir durant toute cette période, notamment grâce à sa majorité parlementaire.
1981-2000 : Multipartisme intégral et progression de l’opposition
En 1981, sous la présidence d’Abdou Diouf, le Sénégal adopte le multipartisme intégral, ouvrant ainsi la voie à une véritable diversification politique. C’est à cette époque que le nombre de sièges parlementaires est passé de 120 à 140, et l’opposition, principalement incarnée par le PDS, a progressivement gagné en influence. Cette montée de l’opposition atteindra son point culminant en 2000 avec l’alternance démocratique.
2000-2012 : L’alternance et l’ère Wade
L’alternance de 2000 marque un tournant historique avec l’arrivée au pouvoir d’Abdoulaye Wade. La coalition Sopi (Le changement, en wolof), menée par le PDS, remporte une large majorité au sein d’un parlement élargi à 150 sièges. Cette période est caractérisée par une domination du PDS, avant que le paysage politique ne soit de nouveau bouleversé en 2012.
2012-2022 : La domination de BBY et la perte de la majorité absolue
Après la victoire de Macky Sall en 2012, la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY, Ensemble pour le même espoir ) domine largement la scène politique sénégalaise, remportant la majorité des 165 sièges. Cependant, lors des élections législatives de 2022, BBY perd sa majorité absolue avec seulement 82 sièges, signalant une recomposition du paysage politique en raison de la montée de figures politiques comme l’actuel Premier ministre, Ousmane Sonko.
2024 : Dissolution et nouvelles législatives
La dissolution de l’Assemblée nationale par le président Bassirou Diomaye Faye, suite à une crise politique profonde, a ouvert la voie à ces législatives anticipées. Ce scrutin du 17 novembre 2024 représente un enjeu crucial pour le futur de la démocratie sénégalaise, marquant une nouvelle phase dans l’histoire des législatives. Les 165 sièges, dont 150 sur le territoire national et 15 pour la diaspora, seront une fois de plus au centre des luttes pour le contrôle de l’Assemblée nationale. Le parti Pastef, au pouvoir depuis le 24 mars 2024, se retrouvera confronté à plusieurs coalitions de l’opposition, dont deux dirigées par l’ancien président Macky Sall et son ancien Premier ministre, Amadou Ba.
AC/Sf/APA