Dans un entretien accordé à Sky News, la ministre congolaise des Affaires étrangères accuse le Rwanda d’exploiter illégalement les minerais de la RDC et de soutenir militairement le M23. Elle appelle l’Union européenne à suspendre son accord avec Kigali et salue le changement de position britannique dans ce conflit régional.
La ministre d’État et ministre des Affaires étrangères de la République démocratique du Congo, Thérèse Kayikwamba Wagner, appelle à la suspension du mémorandum d’entente sur les terres rares signé l’année dernière entre l’Union européenne et le Rwanda, dénonçant un accord qui revient à « financer un régime fauteur de guerre dans la région ».
Dans une interview à Sky News, la cheffe de la diplomatie congolaise met en lumière le « double objectif » du Rwanda : l’exploitation économique des ressources de la RDC, avec des minerais congolais « transportés et exportés comme minerais rwandais », et le soutien militaire au groupe rebelle M23.
« Le gouvernement rwandais est devenu de facto le porte-parole du M23, un groupe qui a revendiqué à plusieurs reprises vouloir renverser le gouvernement légitime de la RDC à Kinshasa », soutient la ministre, accusant Kigali de présenter faussement les rebelles comme « agissant de manière altruiste pour l’intérêt des minorités ».
Pression sur l’Union européenne
La ministre insiste sur la nécessité pour l’UE de suspendre son accord avec le Rwanda « jusqu’à ce qu’il y ait une plus grande transparence sur la chaîne de valeur (…) Il n’est dans l’intérêt ni de l’UE ni des contribuables européens de financer un régime responsable de la mort de milliers de civils et du déplacement de millions d’autres », affirme-t-elle.
Thérèse Kayikwamba Wagner salue le changement d’attitude du Royaume-Uni qui, après avoir été « très silencieux sur le rôle du Rwanda, notamment au Conseil de sécurité », adopte depuis décembre une « position beaucoup plus ferme, plus transparente » et « condamne clairement les actions du Rwanda ».
Elle déplore cependant que malgré « des actions de plaidoyer très robustes envers le Rwanda », confirmées par le gouvernement britannique, cela n’ait pas empêché « le président Kagame de déchaîner la terreur sur la ville de Goma ». La ministre appelle à « des actions plus fermes » qui doivent « intervenir plus rapidement », soulignant que le président rwandais « ne réagit à aucune condamnation, à aucune déclaration, ni même aux appels téléphoniques de ses alliés et partenaires les plus puissants ».
AC/Sf/APA